28 février 2018

Sir Winston



"Que voulez-vous, ces gens ont enduré tant de choses."
                Winston Churchill

Vainqueur en 45, il est vaincu quelques semaines plus tard aux élections et perd son poste de Premier. A son médecin qui évoque l'ingratitude humaine, il soliloque "que voulez-vous, ces gens on enduré tant de choses", le besoin de tourner la page après une épreuve explique bien des reniements. Médecin, on connaît bien cet abandon des patients après un deuil, un divorce, une lourde épreuve de la vie: le souhait de repartir à zéro nécessite quelques renoncements. Sir Winston y ajoute sa touche personnelle "si vous appréciez avant toute chose l'amitié, l'affection, la fidélité ne vous lancez pas en politique, achetez-vous un chien."


Lu dans:
Winston devient Churchill. Podcast.   http://fr-be.radioline.co/podcast-1940-winston-devient-churchill
Les Heures sombres. Darkest Hour. Film de Joe Wright. Working Title Films. 125 minutes. 2017

27 février 2018

La marche en montagne


"Dans votre ascension professionnelle, soyez toujours très gentil pour ceux que vous dépassez en montant. Vous les retrouverez au même endroit en redescendant."
             Woodie Allen

Phrase prémonitoire en ce qui concerne son auteur, dont l'étoile pâlit au firmament suite aux remugles d'un passé équivoque. Côté soleil, côté ombre, mais cela n'ôte rien à l'ironie douce amère qui caractérise son talent.

26 février 2018

Sagesse de la météo


"Lundi soir et pendant la nuit, les éclaircies s’élargiront."
            La météo de ce lundi 26 janvier 2018

Mystères de la langue, ce soir la nuit s'éclaircira. Il paraît que le froid est dû au Moscou-Paris. Tout est codes.


24 février 2018

Sagesse de Thoreau


"Ce qu’il y a devant nous et ce que nous laissons derrière,
ceci est peu de chose comparativement à ce qui est en nous.
Et lorsque nous amenons dans le monde ce qui dormait en nous,
des miracles se produisent."
            H D Thoreau 
   

Lu dans:
Invitation au 12ème Printemps de l'éthique: Un travail qui nous relie: utopie ou réalité ? Centre culturel de Libramont, 4 mai 2018
https://ressort.hers.be/

23 février 2018

Sagesse d'André Gorz


"L'humanité a su accomplir des progrès techniques et scientifiques foudroyants, mais elle reste toujours aussi impuissante à résoudre son problème essentiel : comment gérer la rivalité et la violence entre les êtres humains ? Comment les inciter à coopérer tout en leur permettant de s'opposer sans se massacrer ?"
                André Gorz 

 
Lu dans:
Christophe Fourel. Lettre à G. André Gorz en héritage. Ed Le bord de l'eau. 2017. 144 pages. Extrait p.130 

21 février 2018

Sagesse du petit Nicolas


"Les arbres, les villes, les chats et les vélos, et surtout les musiciens, je dessine ce que j'aurais voulu être. Je ne m'en remettrai pas, de ne pas être musicien. Vous vous rendez compte qu'à mon âge je prends des leçons de piano. Et j'en bave. Et je souffre pour mon pauvre professeur ! Quand je vois passer une jeune fille avec un étui à violon, je me dis : " Quelle merveille de se déplacer avec l'objet de son plaisir ! "
                Sempé

Une longue et belle rencontre dans Le Monde de Sempé, d'une modestie confondante. Admirateur de Duke Ellington, il aurait voulu devenir musicien mais se mit à dessiner "car des crayons et du papier coûtaient moins cher qu'un piano". Se décrivant comme un laborieux sans talent, alors qu'il a dessiné 106 "Une" du New  Yorker: "Je recommence sans arrêt, maintenant encore. Je suis à ma table de dessin et je réfléchis jusqu'à ce que ça vienne. Ça vient ou ça ne vient pas. Je dessine des musiciens, en attendant, pour me faire plaisir. Il faut des jours, même parfois des mois pour trouver une idée. Affreux ! Qui travaillerait autant que moi ferait mieux."
On se sent meilleur en refermant pareil article. 



Lu dans:
Sempé. Je dessine ce que j'aurais voulu être. Je ne serais pas arrivé là si… " Le Monde " interroge une personnalité avec, pour point de départ, un moment décisif pour la suite de sa vie. Cette semaine, le dessinateur dont l'album " Musiques " est exposé à Paris. Propos recueillis par Pascale Kremer. Le Monde 18.2.18.

20 février 2018

Tout ce qui ne reviendra plus

"Devant la poste, la fête foraine
Des camions rouges échoués qui se traînent
Et un cheval la bave aux dents
Crevé, devenir, tourné tous les ans

Un stylo plume qui rate
Et le buvard qui boit les pintes
De mouche sur un cahier qui teint
C'est comme un petit carreau blanc
Tout ce qui ne reviendra plus

Rue de l'école Madame Case
Nous offre nos premières phrases
Ces mots qu'on accroche comme des trains
Ces fautes qu'on pique chez le voisin
Ces cours, ces meilleurs copains
Sur le cœur jusqu'à la fin
Partager jusqu'au dernier coup
Toutes ses joies, tous ses chagrins
Tout, tout, tout
Tout ce qui ne reviendra plus

Le mot rugby sur mes 10 ans
Et mes 6 ans dans tes robes
Mes bras qui ne te lâchent plus
Et quelqu'un qui ferme la porte
Où es-tu maman, où es-tu?"
                Cali. Tout ce qui ne reviendra plus


Lu dans:
Cali. Tout ce qui ne reviendra plus. Paroliers : David-Francois Moreau / Bruno Caliciuri.

19 février 2018

La tache aveugle


" On sait tout regarder
dans l'univers
sauf soi-même."
        Willem M. Rogggeman. L'impuissance de l’œil.


Lu dans:
Willem M. Rogggeman. L'utilité de la poésie. L'arbre à paroles. 2003.

17 février 2018

Essence et existence

« Les idées sont intéressantes, mais les gens le sont bien plus. »
Sarah Bakewell


Lu dans:
Sarah Bakewell. Au café existentialiste. La liberté, l'être & le cocktail à l'abricot. Albin Michel. 2018. 512 pages.

16 février 2018

This is your land


"Ce pays est ton pays, ce pays est mon pays
De la Californie, à l'île de New York
De la forêt de séquoias, aux eaux du Gulf Stream
Ce pays a été fait pour toi et moi (..)
Et certains se plaignent et certains se demandent
Si ce pays est encore fait pour toi et moi."
        Woody Guthrie. This Land Is Your Land.
Chaque jour nous parviennent des images de cette Amérique qui ne nous fait plus rêver, on a peine à le croire. Me revient l'émotion d'avoir atterri une première fois à la Guardia, au coeur de la grosse pomme scintillante dans la nuit, cristallisant tous mes clichés d'enfant. Tant de beauté !  Avec Claude Vigée, je rêve d'un jour pouvoir encore "leur rendre visite comme autrefois au début du printemps / aller vers eux depuis l’Amérique autrement lointaine de  l’enfance / pour leur signifier qu’entre nous le pacte n’est point rompu."

Lu dans:
Claude Vigée. L'homme naît grâce au cri : Poèmes choisis (1950-2012). Points. 2013. 366 pages.  Extrait p.68
Woody Guthrie. This Land Is Your Land. Une des plus célèbres chansons folkloriques des États-Unis, dont les paroles ont été écrites par Woody Guthrie en 1940 sur une musique existante, en réponse à God Bless America de Irving Berlin qu'il considérait comme peu réaliste et suffisante.

15 février 2018

Solitude


"Tous ont dû s’écarter de lui. Rien ne pousse à l’ombre d’un grand homme."
                 Alain Beuve-Méry

Autre version de la légendaire solitude du pouvoir.

14 février 2018

Quand danse la lumière

"Car tu es poussière et retourneras en poussière." ( כי עפר אתה ואל עפר תשוב )
            Genèse 3,19

A tout carnaval son mercredi des cendres. Ce sont les mêmes humains pourtant, qui dansent, s'esclaffent, s’enivrent, oublient durant une journée leur destinée. Par une étrange confusion, la tradition chrétienne n'a gardé du lumineux "afar" , cette poussière légère qui danse dans le soleil, que la traduction "cendres" symbole calciné de mort et de mortification. La symbolique hébraïque initiale d'un homme composé de terre et de lumière, appelé à retourner à la seule lumière, dansant, léger, heureux, prolonge bien les fêtes carnavalesques. Et quand se célèbre le même jour la fête des amoureux, que les sombres cendres paraissent lointaines.


13 février 2018

Le nez à la vitre

"Un enfant près de sa mère, les yeux tournés vers la vitre,
Attend le départ du tram 
Souvent je voudrais n'avoir rien d'autre à faire 
Faire le silence, comme auprès d'un feu."         
                      Ariane Dreyfus
Moment perdu, peut-être. Mais aussi creuset de tous les projets.

Lu dans:
Ariane Dreyfus. Le dernier livre des enfants. Poésie  Flammarion. 2016. 192 pages

12 février 2018

Qui est juif?

"Ce qui reste, c'est ce qui vient."      Maurice Bellet

Au départ d'une histoire juive rapportée par Victor Malka, une intéressante réflexion sur la transmission. Trois rabbins échangent sur l'éternelle question: qui est juif? Le premier, de tendance orthodoxe, rappelle la règle claire et nette de la Torah: est juif celui qui a une mère juive. Le deuxième, plus libéral, explique que si la loi privilégie en effet la filiation maternelle, dans l'esprit de cette règle le rôle du père demeure prépondérant. Chacun commence à argumenter sans fin. Intervient le troisième rabbin: est juif celui qui a des enfants juifs. Dépassant le cadre du débat talmudique des filiations en amont et en aval, l'essence d'un être ne réside-t-elle pas dans sa capacité de transmettre?

Lu dans:
Jean-Claude Guillebaud. La foi qui reste. Ed. L'iconoclaste. 2017. 246 pages. Extrait pp 228 et 242 (citation Maurice Bellet)

10 février 2018

Notes de consultation


"Au prochain vent
tombera
quelle feuille?"
        Abbas Kiarostami

Son cancer en rémission, octogénaire, toute angoisse calmée, il est heureux. Un an gagné.
Même bureau, même âge, préservée des maux de dos et maladies sournoises, elle angoisse: une si belle santé, et statistiquement si proche de ma fin. Tristesse infinie. 

Lu dans :
Abbas Kiarostami. Avec le vent. P.O.L Traduit du persan par Nahal Tajadod et Jean-Claude Carrière. 2002. 242 pages. Extrait p.58

08 février 2018

Mort de quelqu'un


"L'administration les appelle pudiquement " les morts isolés ". Ils ne sont pas SDF, pour la plupart. Ils avaient un toit, des habitudes. Mais nul parent ou proche ne s'est signalé après l'annonce de leur décès."
                Le Monde. 4 février 2018

"Mardi 30  janvier, sous une pluie froide, deux personnes ont accompagné, de l'Institut médico-légal de Paris au cimetière de Thiais, Alain Poux (17  juin 1963-25  décembre 2017), Carmen Chavet (15  mai 1927-1er  janvier 2018), Geneviève Bouley (1932-2017) et Serge Vildeuil (1960-2017). Elles ont lu un petit texte devant la tombe de ces défunts dont elles ignoraient jusque-là l'existence. Elles ont déposé une fleur pour réchauffer la pierre. Puis elles se sont rendues dans un café, ont consigné dans un classeur ce sobre cérémonial et publié un hommage sur Facebook. Deux fois par semaine depuis 2004, cinquante bénévoles du collectif Les Morts de la rue se relaient pour accorder à des inconnus cette dernière courtoisie, cette ultime civilité : qu'ils ne partent pas seuls, corps et âme. " 

Il arrive que la vie se télescope avec nos lectures. Lundi, je découvre ce court article du Monde au petit-déjeuner, avant d'entamer ma tournée. Un vieux patient habitué m'attend vers dix heures, ma visite sera sans doute la seule qu'il recevra de la semaine, mais ce matin il ne répond pas. Je reviens une heure plus tard, puis lui téléphone, en vain, m'inquiète. La suite se devine sans peine, la mort au pied du lit, la recherche d'une famille qu'il n'a plus, le transport de la dépouille vers la morgue du cimetière en attendant une inhumation anonyme. Étrange monde tout de même où on peut disparaître sans une larme écrasée au coin de l’œil, sans un avis mortuaire, sans une cérémonie d'adieu fut-elle succincte. Un rond dans l'eau, qui s'efface dans la minute, et puis rien. 

Lu dans:
Benoît Hopquin. Mort de quelqu'un. Le Monde. 4 février 2018, page 28.


"Il n'est de mauvais climat, mais bien d'habits inadaptés."
            Sagesse canadienne

07 février 2018

Ainsi s'écrit l'histoire


"L'Histoire est une tapisserie tissée de légendes et de faits réels. "
            Marie-Francine Mansour


Enfant j'imaginais Buffalo Bill en héros indien aux côtés de Sitting Bull, Cochise et Geronimo, m'y identifiant volontiers dans de longues cavalcades autour de cow-boys retranchés. La lecture du livre qu'Eric Vuillard y consacre m'a dessaoulé.  S'il participa bien aux guerres indiennes, ce fut en tant que chasseur de bisons employé par la Kansas Pacific Railway pour dégager la voie ferrée de troupeaux incontrôlables. Une légende veut qu'il gagna un duel en tuant 69 bêtes en une journée, les carcasses n'étant dépecées que du côté non en contact avec le sol évitant aux chasseurs l'effort de les retourner.

 [Petite] fortune faite, il recréa la conquête de l'Ouest dans un spectacle mythique, le Wild West Show, où  des Indiens rescapés jouaient le récit de leurs propres malheurs au milieu de cavaliers, de fusillades et d’attaques de diligences. L'illusion étant parfaite, le spectacle incarna progressivement une version falsifiée et flatteuse de l'Histoire américaine.  D'Amérique en Europe, la troupe passa par plus de cent villes françaises jusqu'au pied de la tour Eiffel où elle attira trois millions de spectateurs. Un Far West mythique était né, qui ne s’éteindra plus et que le cinéma contribuera à développer, le vrai se mêlant au faux pour autant que l'image soit belle. Le chapeau à larges bords, le bandana et la chemise à carreaux devinrent ainsi emblématiques du cow-boy alors que seul un petit nombre d'entre eux en portaient, pas plus que les chefs indiens n'arboraient tous de grandes coiffes à plumes. Créés de tout pièce aussi afin de rythmer les scènes héroïques, les célèbres youyous indiens des attaques de diligences, repris dans leurs jeux par les enfants de partout. Comme l'écrit l'auteur, "le spectacle est à l'origine du monde", réécrivant le tragique afin de servir la légende de ceux qui gagnèrent.



Lu dans:
Marie-Francine Mansour. Ruses et plaisirs de la séduction. Albin Michel. 2018. 384 pages.
Eric Vuillard. Tristesse de la terre. Une histoire de Buffalo Bill. Actes Sud. Babel. 2014. 160 pages.

06 février 2018

La beauté du vent


Ce qu'il trouve le plus beau, le plus saisissant, ce sont toutes ces choses qui fondent, qui coulent, qui ruissellent, qui brûlent, qui dégèlent, qui s'éteignent, qui se cachent, qui s'évanouissent, ces choses qu'on ne peut regarder très longtemps, qui ne se répètent pas, qui n'arrivent qu'une fois, là, pour vous, une seule fois, et ne durent qu'un instant. Puis disparaissent. Vieillissant, il tenta l'impossible, il voulut photographier le vent."
                Eric Vuillard          

La beauté de l'éphémère serait-elle ce qui rend la vie si désirable? Mouvement insaisissable, qui meurt quand on le fige: on ne maîtrise pas le vent.


Lu dans:
Eric Vuillard. Tristesse de la terre. Une histoire de Buffalo Bill. Actes Sud. Babel. 2014.160 pages. Extrait pp 153-156.

04 février 2018

Dulcinea


"Moi je t'offrirai      des perles de pluie
Venues de pays où il ne pleut pas (..)
Je ferai un domaine      où l'amour sera roi
où l'amour sera loi     où tu seras reine."
             Jacques Brel. Ne me quitte pas

Pendant cinq ans, la minuscule île de Mana (Nouvelle-Zélande) n'a abrité qu'un fou de Bassan solitaire entouré de quatre-vingts statues de ses congénères en béton, installées pour tenter d’y attirer une colonie de repeuplement. Plumages blanc et becs noirs, enregistrements de chants mélodieux, fausses déjections, le leurre fonctionna si bien que Nigel s'énamoura de l’une d’entre elles. Le bec chargé d'algues et de brindilles, il commença par lui construire un nid, lui faisant sa toilette et communiquant avec elle. A la fin de 2017, trois autres fous de Bassan — des vrais, en plumes et en os — rejoignirent l'île mais, pas volage, l'oiseau solitaire les délaissa pour celle en plâtre avec laquelle il partageait ses jours. On l'a retrouvé mort à ses côtés ce mercredi 31 janvier.  Au loin résonne la voix rauque du de l'Homme de la Mancha "oh non / ne t'en va pas / tu n'es plus une image / un mirage / un nuage / tu es là / Dulcinéa, ma Dulcinéa."


Lu dans:
L’histoire tragique de Nigel, le fou de Bassan épris d’oiseaux de béton. Le Monde. 2 février 2018.

03 février 2018


"L’homme n’est ni grand ni petit
Il a la taille de ce qu’il sait aimer et respecter."
        I Muvrini

02 février 2018

Les métiers de demain

"Comme c’est beau
ce bûcheron
là-bas au loin
qui abat un arbre
pour faire des planches
pour le menuisier
qui doit faire un grand lit
pour la petite marchande de fleurs
qui va se marier
avec l’allumeur de réverbères
qui allume tous les soirs les lumières
pour que le cordonnier puisse voir clair
en réparant les souliers du cireur
qui brosse ceux du rémouleur
qui affûte les ciseaux du coiffeur
qui coupe le ch’veu au marchand d’oiseaux
qui donne ses oiseaux à tout le monde
pour que tout le monde soit de bonne humeur."
        Jacques Prévert. Chanson du vitrier

Jusqu'ici, interrogeant mes jeunes patients volontiers perplexes sur leur choix d'études, je leur suggérais de lire Prévert. Je rangerai désormais ce beau texte, au bénéfice de l'article du Soir recensant les métiers de demain. "D’ici 2020, la liste des métiers en pénurie évoluera indique le Forem. Quelques exemples: (..) consultant green IT, domoticien, technicien de production en culture cellulaire, concepteur de solution globale 4.0, juriste dans le secteur de la robotique, responsable e-commerce, community manager, manager logistique, coordinateur logistique IT, ambassadeur numérique de territoire, infographiste 3D, motion et game designer, digital marketer, etc. "

Lu dans :
Jacques Prévert. Histoires et autres histoires. Gallimard. 1963. 248 pages.
Pascal Lorent. Le Forem a identifié les métiers de demain. Le Soir 2 février 2018. Pages 1-3

01 février 2018

Ce que se disent les mones


"Le langage est le propre de l'homme."
            Idées reçues et croyances à reconsidérer

Plongé dans mes lectures un après-midi d'été, je fus intrigué par l'étrange dialogue de deux oiseaux que séparaient une trentaine de mètres, chant modulé par le répons manifeste de deux mélodies parfois similaires, parfois originales mais systématiquement en harmonie, se rejoignant parfois en un duo charmant. Si ces deux-là ne communiquaient pas, que faisaient-ils donc? Une étude récente des cris d’alarme des mones sauvages (un cercopithèque, chimpanzé d'Afrique équatoriale) découvre un florilège d’expressions variées respectant des règles sémantiques et syntaxiques. Si le mâle émet une série de « boom » pour rassembler ses femelles et amorcer un déplacement, une série de « krakoo » signale un prédateur. Si dans cette séquence, il place des « krak », le prédateur est un léopard ; s’il place des « hok », c’est un aigle. Si ces « hok » sont ­espacés, il n’a pas l’intention d’attaquer : les ­femelles se cachent. Mais s’ils sont serrés, toutes les femelles arrivent pour l’aider dans son attaque. Plus étrange encore, si  deux espèces cohabitent, la mone de Campbell et le cercopithèque Diane, elles sont capables d’échanger et de comprendre leur « cri de prédateur léopard » respectif. En captivité, en revanche, les cris ­anti-prédateurs ne sont plus utilisés mais les mones ont innové en développant une alarme antivétérinaire ! 

Lu dans:
Marie-Laure Théodule. Alban Lemasson, décodeur du langage animal. Le Monde Science et techno. 28 janvier 2018.