07 janvier 2018

Les impostures de l'histoire

"Lorsque l’humour incline à tant de noirceur, il dit la vérité."  
                 Eric Vuillard           

J'avais à peine laissé "L'ordre du jour", lu à un rythme haletant que m'est tombé dans les mains "Zinc" de David Van Reybrouck. Deux livres courts, ce qui ne veut pas dire léger, pour détricoter "l’aspect poisseux des combinaisons et des impostures qui font l’histoire". S'en est-il fallu de peu que je naisse sous l'identité d'Emil Blixen à La Calamine en 1903 ? Citoyen d'un minuscule territoire protégé par les nations avoisinantes depuis la chute de l'empire napoléonien en raison de son gisement de zinc, sans avoir déménagé une seule fois de ma vie, j'aurais pu comme lui "avoir été successivement citoyen d'un État neutre, sujet de l'Empire allemand, habitant du royaume de Belgique et citoyen du Troisième Reich. Avant de redevenir belge, cinquième changement de nationalité, et emmené comme prisonnier de guerre allemand." Comme le suggère sobrement l'auteur de "Zinc", "il n'a pas traversé de frontières, ce sont les frontières qui l'ont traversé." Deux ouvrages qui nous incitent à réfléchir sur la fin de l'utopie européenne et le retour des frontières.


Lu dans:
Eric Vuillard. L'ordre du jour. Éditions Actes Sud. 2017. 2017. 151 pages. Prix Goncourt 2017.
David Van Reybrouck. Zinc. Actes Sud. 2016. 76 pages. Extrait p.63.

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