17 septembre 2017

Libre échange

"Aussi sûrement que l'aiguille d'une boussole pointe vers le nord, le trajet des poubelles indique le sens de la domination: le faible recueille les restes du fort."
                                Pierre Rimbert

"Le commerce international n'échappe pas à la règle. Les États-Unis, qui achètent à la Chine des téléphones portables et du travail bon marché, lui revendent des ballots d'emballages défraîchis, des compressions de bouteilles en plastique, des chiffons et de la ferraille. Ces sous-produits de consommation destinés au recyclage représentent l'une des vitrines mondiales méconnues du made in USA: six des dix premières entreprises exportatrices américaines prospèrent dans ce secteur, qui a réalisé en 2016 un chiffre d'affaires de 5,6 milliards de dollars (4,8 milliards d'euros) rien qu'avec l'empire du Milieu. Et qui expédie sur les océans plus d'un million de conteneurs remplis de vieux papiers- le produit américain le plus exporté par ce mode de transport. Première importatrice mondiale, la Chine a pour sa part acheté pour 18 milliards de dollars de déchets l'année dernière, dont 7,3 millions de tonnes de plastique usagé. Lequel, une fois trié par des petites mains sous-payées, puis reconditionné, voguera à nouveau vers les supermarchés sous forme d'objets flambant neufs. Ces cargaisons de seconde main permettent aux compagnies maritimes de charger les porte-conteneurs qui, sinon, repartiraient à vide vers les ateliers du monde."
 
  
Lu dans:
Pierre Rimbert. Libre-échange des ordures. Le Monde diplomatique. Septembre 2017. Extrait. p 19
Top 100 importers and exporters. Journal of Commerce, vol. 18, n° 11, New York, 29 mai 2017.

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