30 avril 2016

Bonheur en fleur

"Cerisiers, cerisiers,
À travers le ciel de printemps,
Aussi loin qu'on peut voir.
Est-ce du brouillard ou des nuages ?
Parfum dans l'air.
Viens maintenant, viens,
Regardons enfin !"
           Delphine Roux

Il reste quelques jours à peine pour nous laver le regard de la grisaille en levant les yeux vers les arbres en fleurs, vraies fiançailles avec la nature. A chacun ses images d'enfance, mais cette floraison me ramène sans que j'en aie la moindre explication à l'Annonce faite à Marie de Claudel (j'avais 15 ans, et le doux imaginaire au sommet) et à la rue Charles de Tollenaere à Anderlecht, dont la cime resplendissait de superbes Prunus serrulata (Cerisiers du Japon). Ce bonheur ne durait guère, si ce n'est le souvenir qu'on en gardait, et donnait à l'existence une intensité que l'âge estompe.



Lu dans:
Les petits sentiers d'Obaasan. Texte de Delphine Roux et illustrations de Pascale Moteki. Picquier jeunesse. 2016.

27 avril 2016

Paroles qui font vivre


"Il y a des mots qui font vivre
Et ce sont des mots innocents
Le mot chaleur le mot confiance
Amour justice et le mot liberté
Le mot enfant et le mot gentillesse
Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits
Le mot courage et le mot découvrir
Et le mot frère et le mot camarade
Et certains noms de pays de villages
Et certains noms de femmes et d'amis. "
          Paul Eluard

Comme un verre d'eau fraîche, ces quelques lignes me parviennent, tissées de "mots innocents, mots qui font vivre". Elles accompagneront demain l'au revoir à une belle personne au terme d'une vie de qualité. Étrange paradoxe de cueillir dans un livret de funérailles les paroles de réconfort qu'on cherche en vain dans nos journaux écrits et télévisés, d'une sinistralité étouffante.  


Lu dans:
Paul Eluard. Des mots qui font vivre. Extrait d'un poème à Gabriel Péri

Ces mots si rares qu'on les comprend

"L'intelligence des choses simples, comme celle du conducteur de la voiture derrière moi quand il comprend tout de suite que je vais me garer et donc faire marche arrière. Il s'arrête à quelques mètres de distance et attend."
                Francesco PICCOLO

Lu dans:
Francesco PICCOLO. Petits moments de bonheur volés.  Denoël. 2014. 144 pages. Extrait p. 45

25 avril 2016

Parfum d'éternité


"Si je veux posséder un objet parce qu'il a de la valeur, pour qu'il ait de la valeur il faut aussi que je ne le possède point."
                Gregory Bateson

Ivry Gitlis disait de son Stradivarius qu'il était tellement précieux qu'on ne possède  jamais pareil objet, qui ne fait que transiter par notre vie. Il a connu plusieurs virtuoses auparavant, et en connaîtra d'autres. L'avoir en prêt nous confère un peu de sa valeur, savoir qu'il nous survivra nous donne un avant-goût de l'éternité.


Leçon de conduite


« Que sait du désert celui qui ne regarde qu’un grain de sable ? »
            Erik Orsenna

La pratique de la moto nous apprend l'importance de bien porter le regard, au loin de préférence. Si les yeux se fixent sur un obstacle au milieu de la route, on est certain de le heurter car vision et locomotion sont liées sur le plan fonctionnel. Cela porte un joli nom: l'intentionnalité. Cette intégration devient un handicap lorsque vous conduisez une moto, et doit être délibérément neutralisée. Apprendre à détourner le plus vite possible les yeux des obstacles et fixer son regard sur la trajectoire désirée constitue le b.a-ba du motard. C'est aussi une belle piste de réflexion pour la conduite de son existence. 

Lu dans:
Erik Orsenna. Madame Bâ. Fayard. 2003. 496 pages

23 avril 2016

Une petite dispute?

"- Oui, je suis épuisée.
- Tu vois, je le sentais.
- Quoi?
- Tu ne m'aimes plus, Delphine. Tu ne m'aimes plus.
- Pourquoi tu dis ça?
- Même une dispute, tu me la refuses."
            David Foenkinos

Évitez donc lui demander sans cesse : « Me désires-tu encore? » Comme disait Maurice Blanchot: "La réponse fait le malheur de la question."

Lu dans:
David Foenkinos. Le mystère Henri Pick. NRF Gallimard. 2016. 288 pages. Extrait p.115
Bernard Geberowicz. Les 7 vertus du couple. Odile Jacob. 2015. 240 pages. Extrait p.110

21 avril 2016

Flaque de lumière


"Flaque de lumière
flaque d'eau
au sein de l'éternelle rotation des astres
cette brève flamme chasse la lente grisaille
d'un après-midi.
Flaque de lumière
flaque d'eau
attirant quelques moineaux:
leurs gazouillis
rappellent un instant le bonheur terrestre:
la soif étanchée."
        François Cheng

Aucune saison ne mêle autant que celle-ci les flaques d'eau et de lumière. Aucune journée autant que celle-ci n'ai-je croisé autant de rires et de larmes, d'espoirs et de craintes. Avril et ses giboulées.   



Lu dans :
François Cheng. La vraie gloire est ici. NRF. Gallimard. 2013. 162 pages. Extrait p. 61

20 avril 2016

C'est tes vrais cheveux?

  "C'est tes vrais cheveux ? Je peux toucher ? Ils sont super lisses, et tout blonds, on dirait des poils de chiens. Tu les coupe parfois?"
    # Si Les Noirs Parlaient Comme Les Blancs

Nul n'est raciste. Mais on parle bizarre parfois, et nos phrases les plus anodines nous trahissent comme la main étonnée dans les cheveux crépus des petits enfants Noirs. Et si on retournait les clichés sur les Noirs pour mieux les appliquer aux Blancs? comme le fait sur Twitter # Si Les Noirs Parlaient Comme Les Blancs . Désopilant et révélateur.


Lu dans:
# Si Les Noirs Parlaient Comme Les Blancs. Twitter.

19 avril 2016

Un ami

"Lazare adorait son père. D'ailleurs, il n'avait que lui. Et Paul, son ami Paul.
- Papa,demanda Lazare avant que Sauveur éteigne la lumière, est-ce que c'est grave si je n'ai que UN ami?
- UN ami? Mais c'est beaucoup, ça!"
            Marie Aude Murail

C'est beau comme du Montaigne, évoquant son ami Etienne de la Boétie par le merveilleux "parce que c'était lui, parce que c'était moi".  Aujourd'hui il y aurait 125 milliards de liens d'amis sur Facebook. Un monde d'amour, dont on peine à croire qu'il puisse encore donner naissance à conflit. L'unique a été remplacé par l'abondance de tout - biens, diplômes, destinations de voyage, photos, articles de consommation, amis, voitures - débouchant comme le note Cioran sur «le cauchemar de l'opulence, une accumulation fantastique de tout, une abondance qui inspire la nausée ».


Lu dans:
Marie Aude Murail. Sauveur & Fils (saison 1). L'école des loisirs. 329 pages. 

Ici et déjà ailleurs

"J'épluchais une pomme rouge du jardin quand j'ai soudain compris que la vie ne m'offrirait jamais qu'une suite de problèmes merveilleusement insolubles.
Avec cette pensée est entré dans mon cœur l'océan d'une paix profonde."
            Christian Bobin

Elle a 95 ans. Je lui annonce la mort de son fils. Elle se tasse, et des larmes coulent silencieuses. Puis soudain demande: "Mais où sont donc mes lunettes? J'ai la bouche sèche, n'auriez-vous pas un peu d'eau?" Face à l'incompréhensible, nos grands vieillards oscillent en permanence entre le drame et les minimes contraintes du quotidien, devenues refuge.



Lu dans :
Christian Bobin. Noireclaire. NRF Gallimard. 2015. 78 pages. Extrait p. 70

17 avril 2016

Averse

"Et puis certains après-midi de pluie
    où les gens qui attendent qu'il cesse de pleuvoir sous les porches
    font connaissance, se parlent.
Le nombre exact de baisers qui se donnent en ce moment...
J'aimerais qu'aucune porte ne claque, qu'aucun être humain ne tousse et, toujours en ce moment précis, que quelqu'un dise :
qu'il est bon de vivre ici."
        Francesco Piccolo.

Lu dans:
Francesco PICCOLO. Petits moments de bonheur volés. Denoël. 2014. 144 pages. Extrait p. 135

16 avril 2016

Un chemin de lumière


  «La nuit est ma lumière».
      Etienne De Greeff

Le hasard et l'amitié me font découvrir le dernier ouvrage, posthume, du Professeur Léon Cassiers qui enseigna la psychiatrie - et la vie - à plusieurs générations de médecins dont je suis. Citant le criminologue Etienne De Greef en fin d'ouvrage, il s'interroge sur les mobiles du progrès d'une conscience humaine. Comme le souligne Michel Dupuis en préface, "c'est au cœur même du trouble, de la confusion, des incertitudes que l'être humain est appelé à trouver la lumière, le chemin de l'émancipation et de la libération." On ne saurait trouver plus belle réflexion pour un weekend ensoleillé dans une période trouble. 


Lu dans:
Léon Cassiers. Ni ange ni bête. Préface de Michel Dupuis. Cerf. 2010. 390 pages. Extrait p.8

14 avril 2016

"J'adore parler, mais je déteste répondre."
                    Bernard Geberowicz

.

Lu dans :
Bernard Geberowicz. Les 7 vertus du couple. Odile Jacob. 2015. 240 pages. Extrait p.110

Cachez ce sein


"Le mérite revient à saint Augustin d'avoir décrit dans Les Confessions cette horrible expérience, celle de voir son frère appendu au sein maternel et portant sur le visage tous les signes de la béatitude. Nous pouvons imaginer que ce frère de lait, s'il avait lui-même écrit sa propre biographie - et s'il avait eu le talent de son aîné -, aurait symétriquement confessé sa jalousie envers Augustin en vertu d'on ne sait quel attribut devenu primordial."
        Gérard Haddad.

C'est comme du Freud, or c'est du Saint Augustin. Insatisfaction séculaire de sa propre image amputée de l'objet de ses désirs, emporté par un frère ou un autre proche, admirablement décrite par Thomas Mann dans "Joseph et ses frères".  On aimerait lire un jour le récit d'une scène similaire qui procure du bonheur à celui qui l'observe, et non de la souffrance. Se réjouir du plaisir de l'autre est un chemin de plénitude. 



Lu dans:
Gérard Haddad. Dans la main droite de Dieu. Ed Premier Parallèle. 2015. 123 pages. Extrait p.78

13 avril 2016

Le vent vers demain


"Nous avons connu le feu et la trahison et nous avons fixé le monde de nos yeux ardents."
                Nazim Hikmet

"Est-il possible que personne ne sache dire, avec les mots de la vie publique, que nous vivons et résistons ensemble? S'il en est ainsi, que l'on s'empare alors des mots des poètes! Les mots de Louis Aragon qui mêle dans de mêmes amours et les mêmes actes de résistance ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n'y croyaient pas. Ou les mots d'Antoine de Saint-Exupéry qui sait faire créer le navire non en enseignant à hisser les voiles, forger les clous, lire les astres, mais en faisant naître dans le cœur des hommes le désir de la mer, le goût d'être ensemble. Avons-nous à ce point désappris à dire?"

Les mots de Christine Taubira, beaux comme le vent dans les voiles, susceptibles de faire à nouveau rêver les enfants rieurs de nos rues, de les mettre en projet d'un nouveau vivre ensemble?  Le désir de prendre la mer n'est-il vraiment qu'un désir d'enfant? 


Lu dans:
Christiane Taubira. Murmures à la jeunesse. Philippe Rey éd. 2016. 94 pages. Extraits pp.68-69, p.80

10 avril 2016

Mots simples


     "Avant de nous dire au revoir
Avant que sur notre histoire le rideau tombe
On ne dit jamais assez aux gens qu'on aime
Par peur de les gêner    
                                   qu'on les aime
On ne leur dit jamais assez
Que sans eux, sans elles
On ne serait même pas la moitié       
                                    de nous-mêmes."
            Louis Chedid


09 avril 2016

08 avril 2016

Le miroir brisé

"L’homme est un animal qui se crée une image de lui-même et qui finit par ressembler à cette image."
                Iris Murdoch

Son père était un aigle, sa mère une souris. Il a fait ce qu'il a pu et cela a donné un employé modèle. Il y a peu , on lui a demandé de prendre l'habit du frère aîné admiré, décédé prématurément. L'image patiemment construite a volé en éclat et il consulte après faute grave au boulot. Il se demande s'il ne l'a pas inconsciemment recherchée et rêve de devenir dans une autre vie chat de gouttière. Le quotidien d'une consultation est tissé de romans de vie, et de certificats divers baptisés rapidement fraude sociale. La réalité est moins simple. 



Lu dans :
Iris Murdoch, cité par Matthew B. Crawford. Contact. Editions La Découverte. 2016

06 avril 2016

Solitude, solitudes

"Comme ermite, je ne valais pas un clou : j'étais monté là-haut pour rester seul et n'arrêtais pas de me chercher des amis. A moins que ce fût justement la solitude qui rendît chaque rencontre aussi précieuse."
                Paolo Cognetti

Solitude erémitique, solitudes branchées... et si la question posée était davantage celle de la possibilité d'une rencontre de qualité? Le romancier Jonathan Franzen y fait allusion lorsqu’il se décrit arpentant la Troisième Avenue un samedi soir, complètement désorienté et entouré de jeunes gens séduisants qui sont tous penchés sur l’écran de leur StarTac ou de leur Nokia, l’air tourmenté comme s’ils étaient aux prises avec un féroce mal de dent… "Pourtant, tout ce que je leur demande, c’est qu’ils me voient et qu’ils se laissent voir… »

Faute de chalet de haute montagne où trouver refuge, quêtant le passage d'amis chers, n'est-ce pas tout l'espace public qu'il conviendrait de réenchanter? Un espace où les gens ne seraient pas renfermés sur eux-mêmes mais offrant un large éventail de possibilités de rencontres spontanées, où l'attention flotte librement, disponible à la présence d’autrui sans qu'elle lui soit imposée. Être confronté à la réserve ou à la réticence de nos semblables est tout à fait différent d’être invisible à leurs yeux; l’absence de communication orale n’exclut pas l’expérience aiguë d’avoir fait une rencontre. C’est d’ailleurs ce qui rend certaines grandes villes aussi envoûtantes qu'excitantes, et l'émotion dégagée par le mémorial de fleurs spontané de la place de la Bourse à Bruxelles en est un bel exemple. Pour démentir Michel Berger et son superbe chant "les uns contre les autres, au bout du compte, on se rend compte qu'on n'est pas toujours seuls au monde." 


Lu dans:
Paolo Cognetti. Le garçon sauvage. Carnet de montagne. Traduit de l'italien par Anita Rochedy. Editions Zoé. 2016. 144 p. Extrait p. 66
Matthew B. Crawford. Contact. Editions La Découverte. 2016
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Précieux mail


"QWERTYUIOP tomlinson@arpanet"
            Ray Tomlinson

En 1971, Ray Tomlinson fait passer le premier mail entre deux machines côte à côte, reprenant les dix premières lettres de son clavier, utilisant l'antique @ comme lien d'une première adresse électronique. Des décennies ont passé, les récompenses ont plu sur cet homme modeste qui s'est éteint dans le silence des médias le mois passé. Il n'utilisait paradoxalement les courriels qu'avec parcimonie, leur préférant l'élevage de moutons nains à Lincoln (Massachusetts).


Lu dans :
Stéphane Lauer. Disparition de Raymond Samuel Tomlinson, l’inventeur de l’e-mail. Le Monde 7 mars 2016.

05 avril 2016

Un jour sans


"Je ne suis pas très fier de ce concert-là. La salle était vaste et à moitié vide, la Toccata y sonnait avec un écho, et je jouai le reste du programme sans particulière inspiration. Nela était seule dans sa loge. Audrey Parr vint me féliciter avec l'ambassadeur et sa femme, ce qui me fit trouver que j'avais encore plus mal joué. Sonnenschein s'encadrait silencieusement dans la porte sans oser approcher."
        Arthur Rubinstein.

Qui n'a rêvé d'être Arthur Rubinstein? Enfant prodige du piano, salles debout pour l'acclamer, critiques élogieuses, une vie aventureuse tissée des rencontres avec tout ce que la terre compte de célèbre. On est rassurés de lire dans son autobiographie que, comme nous ce matin peut-être, la journée pouvait s'annoncer sans grande inspiration, Nele (sa femme) seule dans sa loge et la salle à moitié vide.  



Lu dans:
Arthur Rubinstein. Mes longues années. Tome 3 Ma jeune vieillesse. Robert Laffont. 1980. 340 pages. Extrait p. 19

04 avril 2016

Les racines et les jambes


«Au lieu d’écouter les vaines prétentions des roitelets, des sectateurs et des égoïsmes nationaux, la mission de l’Européen est au contraire de toujours insister sur ce qui lie et ce qui unit les peuples, d’affirmer la prépondérance de l’européen sur le national, de l’humanité sur la patrie.»
            Erasme, cité par Stefan Zweig.

Erasme, Zweig, deux voix fortes dont notre Europe actuelle, à la fois différente et similaire à l'image qu'ils en avaient, peut s'inspirer. Une citoyenneté liée à l’universel et non pas à des traditions locales, accessible à tous indépendamment de leur origine. Substituer aux «racines», ou à la «souche» - métaphore agricole illustrant la germination d’une graine à l’endroit où elle a été semée - par une adhésion à un code partagé. Nous, les humains, comme le dit si bien George Steiner, n’avons pas des racines mais des jambes pour aller et venir où bon nous semble. Le projet européen, comme en son temps la démocratie elle-même, naît du déracinement: il n’existe pas d’Européens de souche mais de lois communes. 


 
Lu dans :
Stéphane Zweig. Érasme. Grandeur et décadence d'une idée. Le Livre de Poche. 1996. 185 pages.
Fernando Savater. La citoyenneté menacée. Le  Soir. 14 mars 2016. Extrait page 12

02 avril 2016

La peur se dissout dans le café


"Elle entend toutes les voix apaisantes qui lui serinaient quand elle était petite : "N'aie pas peur, ni des monstres, ni des sorcières, ni des gros chiens." Et les mêmes, qui aboient à présent : "Méfie-toi ! Aie peur de tout !"
                    Tana French


Nous pouvons peu, et nous pouvons tout. Contre la terreur, dans cette forêt perdue qu'est devenue la ville, créer des clairières où il fait bon vivre, où l'air est différent, frais, apaisant. On n'y entend que les battements d'ailes du cœur et le roucoulement paresseux des mots simples proposant un café, une bière ou un temps de parole à partager avant de reprendre la route. Ne pas transmettre la peur est un investissement sûr. 



Lu dans:
Tana French. La cour des secrets. Traduit de l'anglais (Irlande) par François Thibaux. Calmann Lévy. 2015. 520 pages. Extrai