10 juillet 2015

Vacuité

"Ici plus qu'ailleurs
        se fondent le regard et le coeur"
                Boris Vian 

Se réveiller nomade. Laisser tout ce qu'on aime pour créer un vide, creuser un intervalle dans nos occupations et préoccupations qui nous permette de découvrir ce que nous n'aurions jamais eu l'idée de chercher. Demain fera silence aux phrases cent fois dites, aux visages cent fois vus. On jouera à se perdre, à prendre le vent, à braver la mer, à laisser couler le même sable entre les mêmes orteils que dans notre enfance, rêvant d'une vie qui chaque année retrouverait en septembre sa page blanche. Oubliant pour un temps que si on nage dans la même eau, l'eau avance. 


Je vous souhaite de bonnes vacances, pour ceux qui ont la chance d'en prendre. Pas de journal, pas de pensée, on se retrouvera avec le retour de l'arôme du café.
CV. 

08 juillet 2015

Sagesse des départs


"La jeunesse revient comme un souffle chaud parce que les contraintes sociales se sont évaporées. L'esprit de liberté trouve un espace mieux dégagé. Il permet sur le tard des idées, des espoirs, dont personne ne sait plus que faire".
                Teresa Cremisi.

Teresa Cremisi quitte la direction des éditions Flammarion et range ses tiroirs. De très belles pages où frémissent à la fois la peur de "vieillir jeune", une envie de tendresse et une fragilité derrière le masque de la guerrière qui constate à quel point ses traces sont dérisoires. "Les idées inexprimables et vaporeuses qui ont traversé ma jeunesse n'ont rien produit. Tout sera vite oublié. Mais ce monde, je l'aurai beaucoup regardé".


 
Lu dans:
Teresa Cremisi. La Triomphante. Editions des Equateurs. 2015. 195 pages.

Le pourcent manquant

"Notre patrimoine génétique est semblable à 99% à celui des chimpanzés. La différence est mince mais pas anodine, hélas, il suffit pour s’en convaincre de nous voir évoluer dans les arbres."
            E. Chevillard



Lu dans:
Eric Chevillard. L'autofictif. http://autofictif.blogspot.be/ 3.7.15. Extrait 2658 

06 juillet 2015

La vie des autres


"Dans une chambre de malade il fait toujours un peu trop chaud
Nous avons parlé avec mon ami de la vie d'hôpital
avons fait de très longs projets d'avenir
Il faisait semblant d'y croire et j'essayai aussi
mais quand sur la feuille de soins au pied de son lit
j'ai lu son poids         je me suis tu

En partant j'ai croisé dans le couloir une jeune fille si claire
(Rivière à truites où le soleil plonge perpendiculairement
un beau matin de juin à midi     l'eau chante frais sur les galets)
Elle a des yeux très pâles     Elle est miel et pervenche
Je me suis souvenu du jour il y a très longtemps
assis avec mon ami qui s'en va à la terrasse d'un café
il regardait comme moi passer les demoiselles en robes d'été
et il a dit en riant         Nous regardons passer la vie des autres
Ça lui est bien égal maintenant        De qui sont les paroles
«Je ne manquerai pas au monde     Le monde me manquera?"
            Claude Roy (19 juin 1987, heure des visites)


Lu dans:
Claude Roy. Le Noir de l'aube. Gallimard NRF 1990. 150 pages. Extrait p 34
"L'enfant, ce fruit qu'on fit."
Leo Campion
 


        

04 juillet 2015

Une étoile au ciel

"Les premières étoiles apparurent et restèrent suspendues en l'air, tremblantes, comme des clochettes d'argent.
Toute la nuit tinta."
        Nikos Kazantzakis

Pourquoi certaines étoiles apparaissent-elles avant les autres? Mes questions d'enfant demeurées sans réponse, subsistent intacts l'admiration et le rêve. Et la découverte tardive que - dans la nuit comme dans la vie - tout vient à son heure. 

 
Lu dans:
Nikos Kazantzakis. Alexis Zorba. Robert Laffont, 1960, 391 pages

03 juillet 2015

Trésors qu'on ne peut posséder


"Les trésors que je porte au plus près de mon cœur sont des choses que je ne peux pas posséder : la courbe du front d'une petite fille de cinq ans, de profil, et l'espérance vulnérable de la main qui prend la mienne pour traverser la rue. Le chant matinal des oiseaux dans une forêt. L'intensité de la lumière un quart d'heure avant la fin du jour ; la nuance d'un coucher de soleil sur la montagne ; la sphère mûre de ce même soleil bas dans un ciel poussiéreux, dans une photographie saisissante prise en Afghanistan."                                Barbara Kingsolver



Lu dans :
Barbara Kingsolver. Petit miracle et autres essais. Traduit de l'anglais par Valérie Morlot. Rivages Poche. 2010. 352 pages. Extrait p. 37.

02 juillet 2015

Paysage d'automne

"Si vous saviez combien j’aime l’automne, combien je me sens accordé à cette saison. Les ardeurs de l’été ont pris fin, et avec elles, les tensions, parfois le mal-être qu’elles entraînent. Une douceur est là, présente dans l’air, les lumières, les ciels qui pâlissent. En elle se profile la menace du déclin, et c’est peut être cette menace qui donne tant de prix à la splendeur de ces journées où la vie jette ses derniers feux. (..) De cet automne je passe à celui de l’existence humaine. Pour nous aussi au long des années se succèdent des nuits de gel, des vents dévastateurs, d’implacables journées de canicule, des orages, des sécheresses, des pluies torrentielles, et c’est tout cela qui finit par produire la richesse d’une vie, la beauté d’un visage. Un visage n’est jamais si beau, si émouvant qu’à son automne."
        Charles Juliet

Le visage aimé a pris des rides, devenant paysage. De combien de ces rides aurai-je été responsable, en tant d'années, et quel aurait été ce visage au terme d'une autre existence? Questions sans réponse, que l'automne humain amène à se poser. 


 
Lu dans:
Charles Juliet. Dans la lumière des saisons. P.O.L. 1991. 96 pages

Comme l'écureuil

"La vie n'est pas une plaisanterie
Tu la prendras au sérieux,
Comme le fait l'écureuil, par exemple,
Sans rien attendre du dehors et d'au-delà,
Tu n'auras rien d'autre à faire que de vivre."
            Nazim Hikmet 
 


01 juillet 2015

Quand le navire

"Qui sait     qui sait
le navire passera
qui sait     si là
quelqu'un y montera
        là-bas     là-bas
dans l'indigo     là-bas
brume     brume
    énigme     fantaisie ..."
        Paolo Conte

[Chissà, chissà ...La nave passera...chissà se làqualcuno salirà...laggiù, laggiùnell'indaco laggiùfoschia, foschia...enigma... fantasia ...]

Rêver de rivages lointains, c'est déjà les vacances (bis).