30 mars 2015

Savoir et sagesse


"De nos jours les gens cherchent le savoir, pas la sagesse.
Le savoir est attaché au passé, la sagesse appartient de l'avenir."
    Sagesse de Vernon Cooper (Lumbee)

Phrase étrange, aussitôt suggestive d'un visage, puis de deux, puis de cinq, issus de diverses périodes de nos vies. Souvent plus vieux que nous, mais parfois aussi plus jeunes. Les derniers évoqués ont même parfois l'expression poupine de ceux à qui l'école n'a encore rien appris. Zéro savoir, et néanmoins ce petit quelque chose qui nous ferait leur demander conseil, accorder confiance. La sagesse est une qualité sans âge. 


Lu dans :
Joseph Bruchac. Sagesse des Indiens d’Amérique. Éd. La Table Ronde. Poche. 1995. 114 pages. Extrait p.19
Vernon Cooper (Lumbee). Wisdomkeepers: Meetings with Native American Spiritual Eiders, Steve Wall et Harvey Arden. 1990.

Les mots simples


"Et les épaules qui tombent
Sont relevées par la tendresse."
         Mandelstam

Au silence d'un co-pilote suicidaire (?) qui aurait précipité son avion et ses 150 passagers dans les Alpes répond la parole juste de ce commandant de bord venu accueillir ses passagers quelques heures plus tard à l'embarquement, les saluant individuellement entouré de l'ensemble de l'équipage. Il explique combien tout l'équipage a été touché par la catastrophe, qu'il a une famille, que l'équipage aussi a une famille, et qu'ils allaient tout faire pour être de retour avec eux ce soir. Tout l'avion écoute en silence et applaudit à la fin du discours. Les mots les plus simples sont parfois les plus forts: une parole en pleine détresse est plus douce qu'une pluie opportune (Wu Congxian).


Lu dans:
Wu Congxian . Vu par la petite fenêtre. Aphorismes. Ed Bleu de Chine. 2005. 76 pages. Extrait p. 69.
Crash de l'A320 : l'émouvant discours d'un pilote de la Germanwings. Le Figaro.fr. dimanche 29 mars 2015

29 mars 2015

Les voyages immobiles


"Moi, je ne voyage guère. Je vis. Je lis, écris parfois des poèmes. Je voyage immobile sous les longs nuages qui remorquent le ciel."
             Francis Dannemark
Climat idéal ce weekend pour voyager immobile sous les longs nuages.

Lu dans:
Francis Dannemark. Une fraction d'éternité. Le Castor Astral. 2005. 100 pages. Extrait p.12

27 mars 2015

Ravissement

"Ravissement:
État de quelqu'un qui est transporté de joie, d'admiration, d'enthousiasme. Anc. Rapt, action d'enlever."
        Larousse.

Hier matin un jardin de patient s'égayait d'une superbe mer de jonquilles, comme si le soleil absent du ciel était tombé dans la pelouse. On est "ravi", soudainement emporté d'un quotidien besogneux vers la beauté pure.


25 mars 2015

Expert en jihad


"Le poisson rouge ne peut ramener la complexité des océans à la quiétude de son bocal."
Yasmina Khadra

De nos jours avoir un boulanger turc, un garagiste marocain et deux voisins nigérians fait de vous un expert du monde musulman. Ce matin deux experts dissertaient en rue du Jihad. Comme je n'y connais rien, j'ai pris garde de ne pas me mêler à leur conversation. 



Lu dans:
L’équation africaine. Yasmina Khadra. Julliard. 2011. 336 p. Extrait. p 185

Comme un oiseau blanc


"... un cartable d'enfant ouvert avec un crayon rose coupé en deux."

Perdu dans les décombres, ce crayon brisé m'émeut davantage que tous les récits possibles. Un des seuls témoins du drame épandait du fumier à l'extrémité du champ de son grand-père quand il a vu passer l'A320, blanc à l'avant avec de l'orange sur l'arrière, silencieux comme un oiseau qui plane.  Comment ne pas évoquer le laboureur de Bruegel dans La chute d'Icare? La confrontation du drame personnel et de la vie qui poursuit son cours est une interpellation éternelle. 

Lu dans:
Jean-Michel Verne. Je n'ai pas entendu le bruit. Le Soir 25 mars 2015. p.3

23 mars 2015

L'heure du cerf-volant


" Le vent se lève. ... Il faut tenter de vivre !"
            Paul Valéry      

Les vacances en Bretagne m'ont fait apprécier le vent et les lourds nuages soudain mis en mouvement. C'était l'heure du cerf-volant, et l'apprentissage d'une complicité neuve avec la nature. Savoir saisir ce qui dans nos existences apparaît comme une épreuve et n'est qu'une occasion de nous mettre en route. 


20 mars 2015

Aux couleurs du printemps


"Ça fait rire les oiseaux.
Ça fait chanter les abeilles.
Ça chasse les nuages
Et fait briller le soleil.
Ça fait rire les oiseaux
Et danser les écureuils.
Ça rajoute des couleurs
Aux couleurs de l'arc-en-ciel."
            La Compagnie Créole

... le printemps qu'on accueille aujourd'hui


19 mars 2015

Collecte sélective


"On ne jette pas les grenades à la poubelle."

On ne rit pas. Le ministère serbe de l’Intérieur a invité "tous les citoyens qui ont des grenades à main et autres engins explosifs à ne pas s’en débarrasser en les mettant dans des conteneurs à ordure, mais à appeler le commissariat de police le plus proche. Des policiers viendront le plus vite possible pour les emporter en toute sécurité."


Lu dans :
dépêche AFP. Le Soir. La petite Gazette. 19 mars 2015.

Et mon ombre

"J'ai, dès notre première rencontre, trouvé cet homme ridicule et pompeux, bien qu'il sourît. (..) Mais son sourire n'enlevait rien à son air odieux de contentement. Au diable si je sais pourquoi j'ai accepté de prendre avec lui, à dix heures sonnantes, un café dans un bar d'hiver aux vitres fumées et aux murs couverts de glace. À l'heure dite, j'entrai. Je l'aperçus aussitôt. Debout pour m'accueillir, m'offrant son perpétuel sourire, le cheveux poivre et sel gonflé au séchoir. Je m'avançai et je constatai avec horreur que celui que je venais de voir, c'était moi. C'était moi, reflété en pied par un miroir facétieux.."
        Pierre Hebey

Réécrivant ces lignes avec bonne humeur, je fais le rapprochement avec les expressions quotidiennes "je vais ME promener", "je M'appelle Carl", ou l'inénarrable belgicisme "je ne ME comprends plus moi-même" si fréquent en consultation. Je dévorai en mon jeune âge "L'homme et lui-même" de Graham Greene, qui décrit l'intimité d'un homme et de son ombre, présente en permanence, rappel vivant de ses forces et insuffisances, avec laquelle il s'entretient, qu'il tente de décrypter en vain. Une coexistence qui s'étale sur une vie entière, pas toujours la plus simple.


Lu dans :
Pierre Hebey. Le goût de l'inactuel. Gallimard. NRF. 1998. 221 pages. Extrait p 99

18 mars 2015


"La transition, c'est le changement désiré."
        Pascal Chabot


Lu dans:
Pascal Chabot. L'âge des transitions. P.U.F. 2015. 190 pages

17 mars 2015

Sagesse de Topor


"Toujours couri
Pour gagner vie
Quand bien couru
Vie l'est foutue ».
        Roland Topor

L'humanité au pas de course à la poursuite de quelque chose d'aussi évanescent qu'un papillon doré, tel serait-il notre destin? Le quatrain foutraque de Topor fait sourire, quoique. Une de mes plus anciennes patientes s'inquiète pour sa fille qui a manqué son boulot pour la première fois en 25 ans, rebroussant chemin en larmes à 5h45 sur l'autoroute Namur Bruxelles, soliloquant qu'elle ne veut plus vivre ses 20 prochaines années partagée entre son auto et un réduit sans fenêtre à faire les bilans d'une firme sans âme. Son récit me poursuit entre deux visites. L'autoradio diffuse une émission consacrée à la reconversion professionnelle d'une quadra qui tient un restaurant de cuisine sauvage aux herbes folles. Les coïncidences que nous réserve le ruban d'une journée me laissent pensif, le bonheur d'une vie se situant sans doute quelque part entre ces deux types d'existence, et pas identique pour tous. 

Je vous souhaite une bonne journée.
CV

Lu dans:
Anne t'Sterstevens et Delphine Brasseur. Le Bonheur des Belges. Editions Soliflor. 2005. 380 pages. Gaston Compère. "Encore", le mot terrible. Extrait p.120
Véronique Thyberghien. Questions Clés. La Première. Une nouvelle tendance : La cuisine sauvage ou Native Cooking, avec Lionel Raway. Jeudi 12 mars 2015. 11h-12h.

15 mars 2015

Deuche ma belle


"Se séparer de sa voiture, dans laquelle ont été vécus des dizaines,voire des centaines de milliers de kilomètres, c'est parfois dur émotionnellement.
Il y a des souvenirs, un attachement, des trophées de voyage, des reliques.."

... la première fois qu'on s'est trouvé seul au volant, face à l'infini des routes possibles, les fantômes de ceux qu'on y a véhiculés, les conversations échangées dans l'habitacle clos propice aux confidences, les visions de paysages brumeux, salins, lumineux, les premiers émois amoureux. Des sièges enfants à l'arrière, du coussin pour belle-maman, du plaid écossais élimé au cas où, du panier pique-nique en osier, du tricycle dans le coffre, des poils de chien incrustés dans la moquette. Opel a saisi ce sujet pour créer une campagne axée sur les liens affectifs entre une voiture et son propriétaire. On est prêts à s'émerveiller.

Lu dans:
Olivier Standaert. Campagne Opel au chevet des voitures mortes. La LIbre Entreprise. samedi 14 mars 2015.

13 mars 2015

Une petite brise


"Je me souviens d'une randonnée à vélo durant l'été 1973, sur la frontière belgo-néerlandaise entre Knokke et Retranchement. Le soir tombait. Dans les prairies environnantes, des bunkers, vestiges de la guerre, inutiles à en devenir émouvants, côtoyaient les vaches qui paissaient, indolentes, toutes à leurs rêveries. J'avais presque dix-sept. Le temps semblait devoir rester à jamais magnifique, il soufflait une petite brise, les vacances paraissaient éternelles et j 'avais le sentiment que la vie serait simplement splendide. Et il en est bien ainsi."
        Rik Torfs

Le souvenir du bonheur est encore du bonheur. L'odeur âcre des braises d'un feu de camp qui s'éteint, l'envol des canards sauvages des côtes bretonnes à la fin des vacances, les premières notes de bridge over trouble water, tout est brise en nos mémoires. Et il en est bien ainsi. 

Lu dans:
Anne t'Sterstevens et Delphine Brasseur. Le Bonheur des Belges. Editions Soliflor. 2005. 380 pages. Rik Torfs. Une petite brise. Extrait pp. 318

Devenir père


"On va me dire que j'exagère? Autant par désoeuvrement que dans le but de vérifier la disponibilité du titre que j'ai choisi, je tape sur Google "éloge de la paternité" - et la réponse que j'obtiens en ce mois de septembre 2009 justifierait à elle seule, si nécessaire, ce projet: «Essayez avec cette orthographe : éloge de la maternité.» Déjà moins désoeuvré et un brin amusé, je tape comme on veut voir au poker «instinct de paternité». Google me propose de recommencer «avec cette orthographe : instinct de maternité».
        Betrand Leclair. Petit éloge de la paternité.

Quatre ami(e)s - qui ne se connaissent pas - me partagent cette semaine des lignes denses sur la mort de leur père, inspirées par l'un ou l'autre CaféJournal récent. L'amusante réflexion de Bertrand Leclair sur cet insaisissable instinct de paternité me ramène à ma propre difficulté d'émerveillement face à mes enfants ou petits-enfants à leur naissance. Vaguement coupable de me sentir si peu père, il me fallut bien des années pour construire patiemment cette relation pourtant si forte maintenant qu'ils sont adultes. La lecture d'Elie Wiesel, détenu avec son père à Buchenwald, est éclairante de cette relation si complexe qui ne s'épanouit pleinement que dans l'égalité de deux adultes, dont l'un reste le père, l'autre le fils, dont on ne sait lequel apporte le plus à l'autre. 

"Si j'étais motivé, c'était essentiellement par la présence de mon père. Au camp, nous étions proches, plus proches que jamais. Parce que nous étions peut-être les derniers survivants de notre famille? Il y avait autre chose : nous étions plus unis parce que, mon père, je l'avais enfin pour moi tout seul. A la maison, dois-je rappeler, il s'absentait trop souvent. Au camp, je le voyais du matin au soir, du crépuscule à l'aube; je ne voyais que lui. Nous dépendions l'un de l'autre: il avait besoin de moi comme j'avais besoin de lui. A cause de lui, je voulais vivre; à cause de moi, il essayait de ne pas mourir. Tant que j'étais en vie, il se savait utile, peut-être même indispensable. Face à moi, il était l'homme, le père d'autrefois, responsable d'un être, d'une vie. Moi parti, il aurait perdu son rôle, son autorité, bref: son identité. Et inversément: sans lui, ma vie n'aurait plus eu ni sens ni but. Moi, j'ai tenu grâce à mon père. Sans lui, je me serais effondré. Il me suffisait de le voir, se traînant d'un pas lourd, à la recherche d'un sourire, pour que je le lui offre. Il était mon point d'appui, mon ballon d'oxygène, comme j'étais le sien.         
Souvent je ferme les yeux, uniquement pour te voir.
Tu t'éloignes ou je m'éloigne, et pourtant. La distance entre nous ne diminue pas.
Je quitte le camp, nous quittons le camp, nous allons vers une nouvelle vie.
Et toi, là-bas, tu n'es qu'une poignée de cendre. Même pas."
        Elie Wiesel



Lu dans:
Bertrand Leclair. Petit éloge de la paternité. Folio 5126. Gallimard 2010. 112 pages. Extrait p.45
Elie Wiesel. Tous les fleuves vont à la mer. Mémoires. Seuil. 1994. 562 pages. Extraits pp.105-6, 125

12 mars 2015

Le cornet à deux boules


"Récemment durant les vacances, j'ai emmené le plus âgé de mes deux fils - respectivement, presque cinq ans et deux ans - à la plaine de jeux. J'avais prévu de m'occuper uniquement de lui, mais n'arrivais pas à me départir de pensées obsédantes du type « maintenant je dois faire ceci et après, je devrai encore faire cela ». Il ne faisait pas beau et le cadre était assez ordinaire. Voilà qu'à un moment, mon fils me demande de lui offrir une glace. Le plaisir avec lequel il l'a contemplée m'a rendu heureux. Mon fils a léché consciencieusement sa glace pendant vingt-cinq minutes sans dire un mot. Ses yeux me remplissaient d'un sentiment qui n'est en rien comparable avec le coup de fouet que vous donne la présence de cinquante mille personnes à un concert. Il paraissait parfaitement heureux, ne pensant à rien, observant les alentours calme et silencieux. Cela m'a moi-même apaisé; j'aurais pu rester assis là une heure durant, pour moi, c'était bon, tellement intense et tellement ténu à la fois."      
        Steven Kolacny, pianiste. La plaine de jeux.

J'imagine les dizaines d'images et de souvenirs que ce petit récit banal peut susciter, tant le cornet à deux boules nous relie à l'été, à la mer, aux vacances, aux souvenirs de famille et d'amitié partagée. Il a sa musique, son parfum, ses couleurs, sa texture inimitable. A lui seul il est l'attente, l'apprentissage du choix - pistache ou fraise - , de la plénitude ou de la déception si praliné n'est pas chocolat, du regard éperdu quand la boule malencontreusement chute à terre, de l'incertitude apeurée quand le filet de vanille fondante dégouline le long de la manche et que la langue ne sait où donner de la tête, de la saveur particulière du dernier centimètre de biscuit où se cache le dernier centimètre de glace (comment a-t-on fait pour le remplir aussi loin?), du mouchoir complice sorti d'une poche pour vous faire une bouche présentable, "et maintenant on marche sans rouspéter".  Le petit recueil s'apellera Le cornet à deux boules, et tous ceux qui auront envoyé leurs dix lignes en recevront un exemplaire.  Chiche?  



Lu dans:
Anne t'Sterstevens et Delphine Brasseur. Le Bonheur des Belges. Editions Soliflor. 2005. 380 pages. Steven Kolacny. La plaine de jeux Extrait pp. 339-340

11 mars 2015

Des ailes pour rêver

"Des poètes imaginent que nos omoplates sont ce qu'il nous reste de nos ailes. J'attends qu'elles se déploient une dernière fois."     
David Lelait-Helo

Quand le rêve devient réalité, les omoplates donnent naissance aux montgolfières, aux ailes delta et au Solar Impulse II, libellule géante et gracile dans la lumière du matin. J'aime les ingénieurs poètes qui vont au bout de leurs rêves.


Lu dans:
David Lelait-Hélo. Sur l'épaule de la nuit. Editions Anne Carrière. 2010. 175 pages. Extrait p. 18

09 mars 2015

Au bonheur des copains


"Mieux vaut regarder le ciel que d'y être."
    David Lelait-Helo

Ne pas tenter de quantifier le bonheur de vivre, on ne comprendra jamais. Ces deux grands vieillards à qui je demande ce matin s'ils se promènent encore: "et comment! hiver comme été. Une fois par semaine. Jusqu'à la pharmacie." Et ces autres, interrogés sur leurs bonheurs volés, les uns un apéro deux fois par semaine à la terrasse du café "Aux portes du cimetière" (avec vue sur le cimetière d'Anderlecht), les autres un repas le dimanche au resto-bistrot de l'hôpital Iris-Sud ou mieux encore un déjeuner-rencontre scandinave quotidien chez Ikea où se retrouvent à 10 heures pile une joyeuse bande de "copains d'abord" - et s'il en manquait un c'est qu'il était mort (Brassens). On nous a fait croire que le bonheur, c'était l'enfance. Balivernes. D'abord, les enfants pleurent plus que les vieux, et de vrais chagrins. Et puis la vie c'est comme l'argent, moins on en a, plus on y tient. Mystérieux plaisir d'être sur-terre.  


Lu dans:
David Lelait-Hélo. Sur l'épaule de la nuit. Editions Anne Carrière. 2010. 175 pages. Extrait p. 40

Sagesse d'Octavio Paz


"Je suis homme: je dure peu
et la nuit est énorme
mais je regarde vers le haut
ce que les étoiles écrivent
sans comprendre."
    Octavio Paz


08 mars 2015

La langue en jeu


"Dis-moi dix mots que tu accueilles"

A la pêche aux mots pour décrire ce qu'on est, ce qu'on vit, ce qu'on craint ou ce qu'on espère. Petit exercice à la portée de chacun, parfois plus révélateur que de longues pages. 
Je vous souhaite un bon dimanche ensoleillé. Attention, les perce-neige ne se cueillent pas, ni les crocus. 
CV 

Lu dans :
La langue française en fête, 20ème édition. Du 14 au 22 mars en Fédération Wallonie Bruxelles. http://www.lalanguefrancaiseenfete.be/ ou 02.413.32.74

07 mars 2015

05 mars 2015

Vivre sans Facebook

"J'essaie de trouver de nouveaux amis sans l'aide de facebook.  Depuis 2 jours, je descends dans la rue en gueulant ce que j’ai cuisiné, ce que j’ai mangé, comment je me sens, ce que je suis en train de faire, où je suis en ce moment, je photographie tout ce qui bouge et aussi ce qui ne bouge pas ! je touche les gens que je croise en hurlant « j’aime ».  J’ai déjà 7 personnes qui me suivent : 2 policiers, 1 psychiatre, 2 infirmiers, une ambulance et un docteur…. Pas mal non ? "

Le bonheur en brèves


"Vous croyez qu'il y a quelque chose après? demanda Flora d'une voix inhabituellement posée. Il y eut un silence, sans hululement, sans rien, sans rires ni soupirs. Et dans ce silence, c'est la voix de Lydie qui se fit entendre.
- Ce qui compte le plus, dit-elle tout doucement, c'est qu'il y ait quelque chose avant. Quelque chose de bien."
            Biefnot-Dannemark

"Si vous ne vivez pas au bon moment, alors vous ne mourrez jamais au bon moment non plus (I.Yalom)". A grandes interrogations, réponses courtes, et le dernier opus de Biefnot-Dannemark (qui sort aujourd'hui en librairie, clin d'oeil) s'en délecte. Road-movie littéraire à-travers l'Europe au volant d'une Opel hors d'âge, ce roman pointilliste nous fait redécouvrir que la soif de vivre n'a pas d'âge, ni l'amour. On en cueille quelques pépites, calligraphiées et enroulées sur un papier cigarettes qu'on dépose précieusement dans le creux de la main de patients ayant perdu espoir. Thérapie douce sans effet secondaire. 


Lu dans:
Biefnot-Dannemark. La route des coquelicots. Escales des lettres. Le Castor astral. 2015. 310 pages. Extrait pp 59-90
Ce roman et le recueil "Au tour de l'amour" seront en librairie ce 5 mars.
Irvin D. Yalom. Et Nietzsche a pleuré. Galaade. 2012. 480 pages.

04 mars 2015

La quête


"Rétractation revêche du passant qui me voit approcher, mais comme je ne veux ni une pièce ni une clope, juste lui demander poliment mon chemin, le voici tout miel, prodigue en informations détaillées et précises, la générosité incarnée, pour un peu il me ferait visiter la ville – merci !"
        Eric Chevillard

Qui de nous ne se reconnaît dans ce passant revêche? Quelle résistance éveille en nous la quête d'une piécette, pour laquelle nous ne nous baisserions même pas pour la ramasser en rue? L'agacement provoqué par la  mendicité révèle quelque chose de nous-même, mais quoi? 


Lu dans :
Eric Chevillard. L'autofictif. http://autofictif.blogspot.fr/

02 mars 2015

Confiezo que he vivido


"Quand il ressent la plénitude des heures
 un éléphant part mourir seul.
 Et quand mes mains ne serviront
 plus à rien, ni pour caresser,

ni pour écrire ou travailler le bois,
 ni pour jouer avec mes petits-enfants,
 mon heure aussi sera arrivée.
 Ce sera une heure simple et juste.

Je monterai lentement les sentiers antiques
 de l’altiplano vers les sommets andins
 et au final, depuis le sommet de l’Illimani,

je verrai les blanches neiges d’antan,
 les nuages de toujours, la lune claire.
 seul, j’attendrai le dernier petit matin."

           Jan Antoon Mariën (25 mars 1953 - 28 février 2015)

Emouvant adieu à la vie, Confiezo que he vivido (J’avoue avoir vécu) que je vous invite à prolonger par la lecture de la dernière page de son blog (http://www.janantoon.be/adieu).

Les larmes de Nietsche


“Il est plus facile d'obéir à autrui que se commander soi-même.”
       Irvin D. Yalom . Et Nietzsche a pleuré

Si "le roman est de l'histoire qui aurait pu être (Gide)" le récit d'Irvin Yalom plaira à ceux qui aiment l'histoire, et les romans. Une intrigue habilement menée dans la Vienne d'un XIXe siècle finissant enchevètre les destins de Breuer et Freud (fondateurs de la psychanalyse), du philosophe Nietzsche et de sa houleuse amante Lou Andréa Salomé. Sort-on heureux de pareille réflexion en pareille compagnie? Pas nécessairement, mais on n'en sort pas le même non plus, avec quelques interrogations tenaces sur ce qui nous reste de vie à parcourir. 

"- Malgré tout, Josef, vous fuyez ma question. Avez-vous vécu votre vie ? Ou bien est-ce votre vie qui vous a vécu ? L’avez-vous choisie ? Ou avez-vous été choisi par elle ? L’avez-vous aimée ? Ou la regrettez-vous ? Voilà ce que j’entends lorsque je vous demande si vous avez vécu jusqu’au bout. […]
« Ces questions… Mais vous en connaissez la réponse ! Non, je n’ai pas choisi ! Non, je n’ai pas vécu la vie que j’ai voulue ! J’ai vécu celle que l’on m’a donnée. J’ai été, moi, le vrai moi… j’ai été enfermé dans ma propre vie.
- Et c’est là, Josef, j’en suis persuadé, la cause première de votre angoisse. Cette pression précordiale que vous ressentez est tout simplement due au fait que vous débordez d’une vie non vécue. Et votre cœur bat à l’unisson du temps qui passe, de ce temps qui ne cesse d’être vorace, qui engloutit, mais ne rend jamais rien. Qu’il est terrible de vous entendre dire que vous avez vécu la vie qu’on vous a donnée ! De vous voir affronter la mort sans avoir jamais réclamé votre liberté, si dangereuse fût-elle ! »



Lu dans:
Irvin D. Yalom. Et Nietzsche a pleuré. Galaade. 2012. 480 pages.
Compagnie Claude Volter. Les larmes de Nietzsche, d’Irvin YALOM, adaptation de Michel Wright. Du 25 février au 8 mars

01 mars 2015