30 juin 2013

Femme à sa rencontre

"Que peut faire un renard pour ne pas être un renard?"
Sagesse du Zen

Elle a trente ans, et son récit s'interrompt, comme si des mots si longtemps refoulés remontaient en elle pareilles à des bulles venant crever à la surface. "Il faut une certaine dose de courage pour n'être pas ce que les autres veulent que vous soyez." Elle cite Claire Keegan de mémoire, décrit sa famille "comme un mille-feuille, avec des couches et des couches de non-dits. Garder un secret a toujours été chez nous tout un art." Rien qui lui fut vraiment imposé, mais un souci permanent de se conformer au projet des autres, malentendu tenace.  Deux diplômes, avec brio, une voiture de fonction, des objectifs professionnels, et cet irrésistible soudain besoin de tout plaquer pour retrouver l'aubier sous l'écorce, là où passe la sève. Mettre ses mains dans la terre, boire à la cruche, porter des pulls en grosse laine, poisser dans la laine des moutons, avoir froid la nuit, trop chaud le jour, en un mot à nouveau ressentir les choses. Les mots sortent à nouveau, goutte à goutte, on dirait une rencontre, celle d'une jeune femme qui se croise dans la rue et se souffle: "Tiens, te voilà!"

Lu dans:
Alexandre Jollien. Petit Traité de l'abandon. Pensées pour accueillir la vie telle qu'elle se propose. Essais religieux (H.C.). 2012. 128 pages. Extrait P.16
Le koan du renard est inspiré du deuxième koan du Passe sans porte, Paris, Éditions traditionnelles, 1963.
Claire Keegan. Walk the Blue Fields (A travers les champs bleus). traduit de l'anglais (Irlande) par J. Odin. Sabine Wespieser, éditeur. 2012. 272 pages.

L'étendue des possibles

"Si tu traces une route
tu auras du mal de revenir à l'étendue."
Henri Michaux

Dernier jour de juin... De toutes les dates , une des plus symboliques, celle des grands départs et de la page blanche. Tout paraît possible à six ans en fermant la porte de la maternelle qui porte si bien son nom, à douze, à dix-huit... Ou, diplôme en main,  s'interrogeant sur son avenir professionnel immédiat. Ou bien plus tard quand on réoriente une existence libérée des contraintes professionnelles. Moments-charnières qui infirment temporairement la phrase de Michaux: pour un court moment, s'offre soudain la possibilité de revenir à l'étendue vertigineuse. 


Lu dans:
Olivier Germain-Thomas. Manger le vent à Borobudur. Collection Le sentiment géographique, Gallimard. 2013. 176 pages .
Pascale Tison interroge Olivier Germain-Thomas. Par Ouï-Dire. 12 juin 2013

29 juin 2013

Une pauvre fraude

"La fraude des pauvres est une pauvre fraude".
 Clôture des entretiens «  Fraudes et protection sociale  » organisés par le Conseil d’Etat, février 2011.

« La fraude sociale : ce sport national qui plombe notre économie ». L’ancien ministre des affaires européennes Laurent Wauquiez n’hésitait pas à comparer l’« assistanat » au « cancer de la société française ». Un récent article du Monde diplomatique pondère ces commentaires abrupts, fréquemment entendus dans les conversations et dans la presse. Un ordre de grandeur: 4 milliards d’euros de fraude aux prestations (fraude sociale), contre 16 milliards d’euros aux prélèvements (fiscalité des entreprises) et 25 milliards d’euros d’impôts non perçus (fiscalité des particuliers).  Un lien a été placé vers ces deux documents pour ceux qui souhaitent prolonger la réflexion. 


Lu dans:
Philippe Warin. La face cachée de la fraude sociale. Le Monde diplomatique. Juillet 2013. Extrait p.28
Rapport d’information sur la lutte contre la fraude sociale, mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la Sécurité sociale, Assemblée nationale, 29 juin 2011.


28 juin 2013

A jour frisant


« La mélancolie est de la ferveur retombée.»
André Gide

Ou comment garder quelque chose de l' éblouissement ancien. Revenir encore une fois dans ces lieux que l'on a aimés, les voir sous un autre angle, dans une autre lumière. On les as vus dans la lumière crue de midi, on avait vingt ans; on souhaite les revoir à soixante , au couchant du jour et de l'existence. Moments bénis où la pierre, que n'écrase plus à ce moment la brûlure du soleil, perd de son opacité et nous devient plus proche, plus humaine. Court instant durant lequel l'ombre des statues donne l'impression d'être plus vraie que leur modèle. La ferveur cède la place au jour frisant, et c'est aussi du bonheur.


Lu dans:
Colette Guedj. Ces mots qui nous consolent. JC Lattès. 2002. 172 pages. Extrait pp. 105, 107

26 juin 2013

La vie, éphémère

« La vie des hommes sur la terre, ô roi, comparée aux vastes espaces de temps dont nous ne savons rien, me paraît ressembler au vol d'un passereau entrant par une embrasure de la grande salle qu'un bon feu, allumé au centre, réchauffe, et où tu prends tes repas avec tes conseillers et tes liges, tandis qu'au-dehors les pluies et les neiges de l'hiver font rage. Et l'oiseau traverse rapidement la grande salle et sort du côté opposé, et, après ce bref répit, venu de l'hiver, il rentre dans l'hiver et se perd à tes yeux. Ainsi de l'éphémère vie des hommes, dont nous ne savons ni ce qui la précède, ni ce qui la suivra... »
    Marguerite Yourcenar



Lu dans :
Marguerite Yourcenar. Le Temps, ce grand sculpteur. Sur quelques lignes de Bède la Vénérable. Gallimard. 1983. 248 pages.  

La chanson de Bilitis

«Nous n’avons rien à nous dire
tant nous sommes       près l’un de l’autre
mais nos chansons veulent se répondre
et tour à tour nos bouches      s’unissent sur la flûte.»
    Pierre Louÿs.




Lu dans :
Pierre Louÿs. La chanson de Bilitis. Mise en musique par Claude Debussy.
Elsa de Lacerda. Laure Delcampe chante l’érotisme de Bilitis. Le Soir , lundi 24 juin 2013.

24 juin 2013

Le chemin de l'homme

«Commencer par soi, mais non finir par soi ; se prendre pour point de départ, mais non pour but ; se connaître, mais non se préoccuper de soi.»
    Martin BUBER  Le chemin de l’homme.

23 juin 2013

Sagesse des simples

"Une vieille femme possède deux grands pots, chacun suspendu au bout d'une perche qu'elle transporte sur son épaule pour aller chercher de l'eau. A la fin de sa longue marche, du puits vers la maison, l'un des deux pots, fêlé, n'est plus qu'à moitié rempli d'eau. Le pot intact est très fier de lui. Mais le pauvre pot fêlé, lui, a honte de son imperfection, triste de ne pouvoir faire que la moitié de son travail. Au bout de deux années il s'adresse à la vieille dame, alors qu'ils sont près du puits. "]' ai honte, car ma fêlure laisse l'eau goutter tout le long du chemin vers la maison. La vieille femme sourit: "As-tu remarqué qu'il y a des fleurs sur ton côté du chemin, alors qu'il n'y en a pas de l'autre côté? Comme j'ai toujours su ta fêlure, j'ai semé des graines de ton côté du chemin. Chaque jour, sur le chemin du retour tu les as arrosées. Pendant deux ans, grâce à toi j'ai cueilli de superbes fleurs pour décorer ma table." »
F. Lenoir

Saisir l'insuffisance, non pour écraser, amoindrir, avilir mais s'en servir comme d'un levier qui fera lever les charges les plus lourdes. J'ai apprécié ce récit simple, qui illustre si bien le fameux "j'aime les fêlures, car par elles passe la lumière". J'ai connu heureusement quelques êtres simples qui furent cette lumière. 



Lu dans:
Frédéric Lenoir. L'âme du monde. NiL. 2013. 203 pages. Extrait pp 165-166

L'envie de ce jour

"A quoi comparerai-je la vie humaine?
Il faut la comparer à une oie sauvage qui interrompt son vol pour se poser un instant sur la neige.
Elle y laisse l'empreinte de sa patte , puis s'envole on ne sait où."
    Su Dongpo

"Personne n'est capable de comprendre pourquoi et comment un instant peut transformer une vie: il y a une somme incalculable d'imprévisibilités dans une existence et dont les conséquences ne deviennent intelligibles que lorsque l'événement a eu lieu, parfois bien longtemps après." Imaginer que cet instant ait pu, ou puisse se produire aujourd'hui ou demain donne un léger tournis, excitant et empli du désir de découvrir la journée qui s'ouvre.


Lu dans:
Philippe Labro. Le flûtiste invisible. Gallimard. 2013. 175 pages. Extrait p.171

22 juin 2013

Mots qui consolent

« Il y a des mots qui font vivre
Et ce sont des mots innocents
Le mot chaleur le mot confiance
Amour justice et le mot liberté
Le mot enfant et le mot gentillesse
Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits
Le mot courage et le mot découvrir
Et le mot frère et le mot camarade
Et certains noms de pays de villages
Et certains noms de femmes et d'amis » ...
    Paul Eluard

"C'était en 1944, dans un recueil intitulé Au rendez- vous allemand. Et pas un de ces mots n'a pris une ride. Ni notre foi en eux. Ni la certitude que les mots ne sont pas seulement aptes à décrire le bonheur, mais qu'ils peuvent aussi l'engendrer."  Colette Guedj termine par ces mots sobres, et par Eluard, une réflexion sur le pouvoir thérapeutique des mots qui nous consolent et qu'il me plaît de vous offrir en bouquet pour le weekend. 
   
 
Lu dans :
Colette Guedj. Ces mots qui nous consolent. JC Lattès. 2002. 172 pages. Extrait p. 170.

20 juin 2013


"J'ai appris avec le temps qu'on est toujours trop sage"
Pierre Bergé



Lu dans :
Laurence Benaïm. Le Plus Bel Age. Grasset. 2013. 224 pages
Véronique Lorelle. En tournée chez les nantis de l'âge. Le Monde 12.06.2013

19 juin 2013

"                Ne pas vieillir
mais simplement mûrir
de toutes mes années."
            Philippe Jaccottet
 

18 juin 2013

Pensée et musique

"Pour moi, le lien entre la musique et la pensée va de soi. Il m’arrive de sortir d’un concert en ayant eu accès à des choses auxquelles je n’avais jamais pensé. La musique vous enveloppe et vous domine: c’est une sensation que ne me donnera jamais la contemplation d’un tableau ou d’un bâtiment. Réunir la musique et la pensée, c’est donc pour moi une autre façon d’être sérieux sans se prendre au sérieux"".
     Frédéric Pagès



Serge Martin. Frédéric Pagès, philosophe et humoriste. LLB Lire 10 juin 2013

16 juin 2013

La tache aveugle du voyageur

"Un voyage réussi ne va pas sans une part d'aveuglement."
JP Kauffmann

"Les abords d'Épernay ne sont ni plus laids ni plus décousus qu'ailleurs. Ils se situent dans l'honnête moyenne de ces espaces gaspillés qui se ressemblent tous. En lisant Julien Gracq ou Jacques Lacarrière, on est frappé par la netteté des paysages, des villes et des villages qu'ils décrivent. Cela ne date pourtant pas d'un temps si lointain. La campagne était familière, entretenue, ses représentations encore bien balisées. On était dans la continuation du Tour de France par deux enfants, une suite beaucoup moins convenue et infiniment plus poétique. La coupure entre le rural et l'urbain était encore assez nette. Gracq et Lacarrière évoquent un pays aujourd'hui disparu. S'ils n'étaient pas dupes des nombreuses disgrâces que subissait déjà le territoire, ils n'ont voulu voir qu'une France indemme d'altérations."

Déjà comme un avant-goût des vacances d'été.  



Lu dans:
Jean-Paul Kauffmann. Remonter la Marne. Fayard 2013 . 263 pages. Extrait p 122.

14 juin 2013

Visages de chefs (1942)

"Ce jour-là, il était dehors, non loin de sa cabane. Il lisait des notes, debout sous un arbre, à l'abri des rayons du soleil. Il faisait chaud. A côté de lui, à quelques mètres, se tenait un de ses officiers d'ordonnance, Fritz Darges (..), attendant patiemment, les mains dans le dos, qu'Hitler lui dise quelque chose. Une mouche est venue troubler la lecture du Führer. Elle s'est mise à tournoyer autour de lui. Visiblement agacé, Hitler gesticula avec son paquet de feuilles pour tenter de l'éloigner, en vain. La mouche revenait sans cesse. Fritz Darges se mit alors à sourire. Un léger rictus lui barra le visage. Il n'avait pas changé de position, ses mains étaient toujours dans le dos, la tête bien droite, mais il avait toutes les peines du monde à contenir son amusement. Hitler le remarqua. Il lui décocha sur un ton on ne peut plus sec: « Si vous n'êtes pas capable de me garder une telle bête à distance, cela signifie que je n'ai pas besoin d'un tel officier d'ordonnance! » Hitler ne lui a pas dit qu'il était viré, mais Darges avait compris. Il fit ses valises quelques heures plus tard. Je crois savoir qu'il fut envoyé sur le front.

(..) J'ai le souvenir d'une vive explication entre Hitler le haut commandement de la Wehrmacht. Une fois les généraux partis, une belle musique a soudainement surgi du bureau de travail d'Hitler. J'ai jeté un regard à travers la fenêtre et vu le Führer affalé dans un fauteuil, complètement absorbé par la mélodie et les paroles de la chanson que diffusait son phonographe à disques. Il avait l'air épuisé, presque triste. Le contraste avec la dispute énergique qui venait d'avoir lieu quelques instants auparavant était saisissant. Le valet de chambre est sorti à ce moment-là du baraquement. Je lui ai aussitôt demandé quel était le nom de ce chanteur que le Führer écoutait. Il m'a répondu qu'il s'agissait de Joseph Schmidt *." 

* Joseph Schmidt, ténor d'opéra né en 1904 en Roumanie de parents juifs orthodoxes. Reconnu et apprécié en Allemagne pour son timbre de voix exceptionnel et ses premiers rôles dans des films musicaux, il fuit l'Allemagne nazie en 1933. Ses disques seront néanmoins vendus dans les bacs des disquaires allemands jusqu'en 1938. «Le petit homme à la grande voix» meurt en 1942 dans un camp de réfugiés en Suisse.

Une dernière (?) courte réflexion sur le leadership. Le fondu enchaîné entre les harangues de Nuremberg, l'homme à la mouche et celui qui se calme en écoutant un "petit juif à la grande voix" ne nous renseigne que partiellement sur ce que fut vraiment une des grandes figures du malheur du XXe siècle. Ni sur ce qui fonde l'adhésion aveugle de masses d'hommes à un leader aussi complexe.


Lu dans :
Rochus Misch. J'étais garde du corps d'Hitler. 1940-1945. Le Cherche Midi. 2006. LLP 30777. 260 pages. Extraits pp.155,156.

Visages de chef (1938)

"Soyez un exemple pour vos hommes tant dans la vie militaire que dans la vie privée. Ne vous ménagez jamais en fait de fatigues et de privations, et montrez-le à la troupe. Soyez toujours pleins de tact et polis, apprenez à vos subordonnés à l'être de même. Evitez les éclats de voix, un ton trop rude, qui indiquent généralement qu'on a soi-même des déficiences à dissimuler."
E. Rommel

Poursuite de cette courte méditation sur la fonction de leadership... Ce discours de promotion prononcé en 1938 à l'Ecole militaire de Wiener Neustadt par Erwin Rommel, un des rares généraux allemands (voir la longue page Wikipedia y consacrée) à n'avoir commis ni crime de guerre, ni crime contre l'humanité. Une légende. Respecté par les siens et par ceux qu'il combattait au point que cela posa problème au commandement des forces alliées en Afrique qui tenta d'en réduire l'aura auprès de ses troupes, il fut amené à se suicider sous la contrainte après l'attentat contre Hitler pour soupçon de participation.  

En temps de conflit, la grandeur et la petitesse se trouvent équitablement partagées: les héros et les traîtres ne sont l'apanage d'aucun camp. Question: la grandeur d'âme placée au service d'une cause intrinsèquement perverse n'est-elle paradoxalement plus nocive du fait même du respect humain qu'elle entraîne: les commandos britanniques dans le désert lybien se targaient "d'avoir fait un rommel" lorsqu'ils étaient décorés pour un fait d'arme particulièrement audacieux réussi. Erwin Rommel le perçut sur le tard et en conçut un sentiment de défaite humaine personnelle. 

Mais encore. D'où vient-il que les paroles prononcées à Wiener Neustadt en 1938 paraissent à ce point insolites de nos jours? La fonction de leadership aurait-elle a ce point été modifiée? 


 
Lu dans:
Erwin Rommel. La Guerre sans haine. Nouveau Monde Editions. 475 pages. 2010
B. Lemay, Rommel, Perrin, 2009. 

12 juin 2013

Visages de chefs (2013)

Le Président: "Votre analyse est bonne, elle est sobre, elle est claire,
Vous voyez l'essentiel, maîtrisez les matières.
J'ai donc tracé la voie, vous poserez l'asphalte,
Mettons-nous au travail sans connaître de halte."
Le deuxième conseiller (à voix basse, ironique et amer) :
"J'ai l'idée du tricot, et vous ferez la maille... "
Le Président: "Il dit quoi? "
Le premier conseiller: "Il dit que de vos vues, nous sommes éclairés,
Et que d'un grand triomphe vous êtes assuré.
(un temps)
Il dit aussi, je crois, qu'il veut bientôt partir."
    Frédéric Lordon

Courte méditation sur la fonction de leadership, si malmenée par les temps qui courent. Demain, la suite de la réflexion, surprenante.



Lu dans:
Frédéric Lordon. D'un retournement l'autre. Comédie sérieuse sur la crise financière. En quatre actes, et en alexandrins. 2013. Seuil Essais. 144 pages. Extrait pp 64 65

11 juin 2013

"Chacun croit fort aisément ce qu’il craint ou ce qu’il désire."
La Fontaine

Lu dans: 
La Fontaine. Le Loup et le Renard.  Livre XI - Fable 6
"Que sert d'interdire ce que l'on ne peut empêcher ?"
    A. Gide


Lu dans :
André Gide. Les Faux-monnayeurs. Gallimard. Folio Plus. 1925. Extrait p. 21        

09 juin 2013

"Sans mort, nulle légèreté. (..) Quel poids auraient, je vous le demande, cinq minutes ou quatre-vingts ans si vous les preniez sur une durée qui ne finirait jamais? C'est pour les vivants que tous les moments comptent : parce que sur chacun d'eux l'ombre s'allonge; parce que chacun d'eux ne connaît jamais qu'un printemps. »
Lucien Jerphagnon
 

Lu dans :
Lucien Jerphagnon, cité par Raphaël Enthoven. Matière première. NRF Gallimard. 2013. 151 pages. Extrait p.134
"La fortune vend à qui se hâte une infinité de choses qu'elle donne à qui sait attendre."
Francis Bacon


Lu dans:
Jeanne Ashbé. Attends, petit éléphant. Pastel. 2013. 36 pages. 

07 juin 2013

Passage de témoin

"Et vous, continuez de mettre du bleu au ciel."
François Mitterrand à Pierre Maurois (24 août 93)

Pour Pierre Maurois, derniers moments d'intimité avec François Mitterrand, le 24 août 1993, dernière consigne affectueuse à l'oreille au moment de le quitter. Le président était venu à Hardelot-Plage, sur la côte d'Opale, là où il passait ses vacances d'été. On aimerait s'entendre souffler pareilles paroles au moment de prendre congé de sa tâche. Comme le souligne le journaliste, en 60 ans de vie publique il avait le sentiment du devoir accompli.  




Lu dans:
Michel Noblecour  La mort de Pierre Mauroy, figure de la gauche socialiste. Le Monde. 7 juin 2013. 

Le poids des peurs

« Le poids, c'est de la peur. »
    Jean-Christophe Ruffin

La désinvolture avec laquelle le marcheur néophyte fourre dans son sac des objets variés et souvent superflus, sans penser ni à leur volume ni à leur poids, fait sourire: c'est que, au fil des étapes, le marcheur apprend à peser, au propre comme au figuré, chacun des éléments qu'il emmène. Le poids, c'est de la peur, l'objet rassure en emplissant le vide de notre angoisse de possession. Un pull-over est nécessaire, pourquoi en emporter deux? De quoi a-t-on si peur? Est-ce le froid qui est vraiment si menaçant ou l'inconscient qui pèse de tout le poids de nos névroses ? La réflexion peut s'étendre aux peurs de toute une existence, à tout ce que l'être humain littéralement porte sur son dos, objets, projets, contraintes. Tenter de s'alléger et soulever avec moins d'efforts le sac de marche d'une vie est un vrai projet.


 
Lu dans:
Jean-Christophe Ruffin. Immortelle randonnée. Editions Guérin Chamonix. 2013. 264 pages. Extrait pp. 219, 256

06 juin 2013

Se détacher

 "La paix, la plus étrange paix, la plus profonde, vient parfois d'accepter d'être incompris, voire méjugé. On s'ent alors s'ouvrir une liberté incroyable, celle d'être libéré du jugement d'autrui."
L. Noullez.
 
 
Lu dans :
Lucien Noullez. L'âge d'Homme. 2013. 202 pages. p 202

05 juin 2013

"Les montagnes ne vivent que de l'amour des hommes. Là où les habitations, puis les arbres, puis l'herbe s'épuisent, naît le royaume stérile, sauvage, minéral ; cependant, dans sa pauvreté extrême, dans sa nudité totale, il dispense une richesse qui n'a pas de prix : le bonheur que l'on découvre dans les yeux de ceux qui le fréquentent".
Gaston Rébuffat 

04 juin 2013

Un peu fort bourré, mais très fort quand même

"Tout le monde sait
Comment on fait des bébés
Mais personne sait
Comment on fait des papas."
    Orelsan & Stromae. Papaoutai.

Formidable Stromae, titubant porte Louise après une déception amoureuse,  "fooormidable/tu étais formidable, j'étais fort minable/nous étions formidables". Une banale histoire de rupture comme il en arrive chaque jour dans nos vi(ll)es, un jeune homme s'est fait larguer, il n'a pas été bon, il s'est mis minable. Piano, instruments à vent, chœur masculin, batterie électronique, guitare sonnant comme les grincements des rails de tramway, le nouveau célibataire au cœur brisé est "un peu fort bourré". Un clip digne du grand Jacques, bien dans son époque et d'une classe folle.


Lu dans:
Véronique Mortaigne. Le formidable succès de Stromae. Le Monde Culture. 3 juin 2013.



02 juin 2013

Sagesse amérindienne

"Pris dans un incendie de forêt, les animaux, terrifiés, observent le désastre, impuissants. Seul le minuscule colibri s'active, allant chercher un peu d'eau dans son bec pour la verser sur les flammes. "Tu n'es pas fou ? Ce n'est pas avec ces gouttes que tu vas éteindre le feu", se moque le tatou. "Je le sais, mais je fais ma part", répond l'oiseau.
    Sagesse amérindienne

L'exemple a inspiré le mouvement des Colibris, qui fédère en France de multiples initiatives citoyennes.



Lu dans
Pierre Le Hir. Patrick et Marie, petits colibris adeptes d'une vie sobre. Le Monde Culture et idées. 30.05.2013

Dans le miroir de l'autre

"Sois toi et t’es belle."

... si nous sommes capable de voir la beauté chez les autres, pourquoi ne pas la voir en nous-mêmes ? Certaines pubs (Dove) se révèlent belles.



Lu dans :
Julie Huon. Le Soir. Vendredi 31 mai 2013. p.41