30 avril 2010

24 avril 2010

Chut, de chuchoter

"Les mots chuchotés
dans l'antre de l'oreille
ancrés plus fort encore
que les mots de l'encre."


Lu dans:
Bouche cousue. François David & Henri Galeron. Motus. 2010. 72 pages.

La mère qu'on voit danser

"Ma mère est la mer en forme humaine."
Marie, fille de Florence Arthaud.


Toutes les petites filles ne peuvent l'écrire, mais la phrase est amusante. Elle aurait été prononcée par Marie, fille de Florence Arthaud, "la petite fiancée de l'Atlantique", dont l'autobiographie se laisse lire. Une vie pas toujours simple, mais qui l'aurait pensé?

Lu dans:
Florence Arthaud. Un vent de liberté. Arthaud Poche. 2009. 160 pages. Extrait p.128

14 avril 2010

L'espace temps

"L'espace est la forme de ma puissance
le temps de mon impuissance."
Jules Lagneau
 
S'emparer de territoires que l'on ferme ensuite pour en disposer à sa guise, occuper l'espace, ne serait-ce que de sa berline qui elle-même nous donne l'illusion d'être rapidement où on veut quand on veut, est un signe visible de puissance. Gagner du temps aussi , mais cette dernière quête est illusoire car le temps nous ratrappe. 

  
Lu dans :
Elisabeth Pélegrin-Genel. Des souris dans un labyrinthe. Décrypter les ruses et manipulations de nos espaces quotidiens. Ed La Découverte.2010. 247 pages. Extrait p.73

12 avril 2010

L'espace d'une vie

"Vivre, c'est passer d'un espace à l'autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner."
G. Perec

Lu dans:
Georges Perec. Espèces d'espaces.  Paris Galilée 1974

Et voilà

"Les Français ont un trésor, qu'ils conservent jalousement : leur langue, et toutes ses subtilités.
Exemple : (..) Nous savons ponctuer nos phrases de "voilà" à tout bout de champ, à tout propos, du matin au soir. Il suffit d'écouter dix minutes de radio pour le mesurer. (..) C'est un tic délicieux, pas lassant du tout. Alors voilà, il fallait le saluer. Ce mot indispensable est prononcé avec une telle spontanéité, une telle générosité que voilà... Béquille ou bouée, il permet de ne pas terminer ses phrases, laissant entendre que tout a été dit. Souvent il permet de ne rien dire. Enfin voilà."
Robert Solé
Lu dans :
En voilà assez. Robert Solé.  Le Monde. Opinions. Edition du 10.04.10  

04 avril 2010

Le tombeau vide

"Quand je serai parti,
En un instant de tout à rien passé,
Laissant mon corps comme une outre percée,
Ne pleure pas, ne te joins pas au chœur des femmes
Qui vont hurlant, s'arrachant les cheveux,
À croire que jamais je ne te reviendrai.

Car je serai tout près de toi,
Plus proche qu'aujourd'hui d'être invisible.
Je t'envelopperai de mon absence,
Mon souffle sera dans le tien.
Sois attentive, tu me sentiras
Dans chaque goutte d'eau,
Dans le moindre rai de lumière,
Dans le vent qui caressera
Ton front, sois attentive,
Je serai là, toujours, tu le sauras."
        Djalâl ad-Dîn Rûmî, dit Rûmî

La symbolique de la fête de Pâques transcende nos parcours, qu'ils soient laïc ou religieux. Comment mieux décrire notre épouvante devant la disparition, le "tombeau vide" découvert par Marie-Madeleine, Marie et Salomé que par ce récit en quelques lignes d'un matin lumineux, d'une pierre roulée et d'un défunt dont même la dépouille nous a été enlevée. Belle illustration du passage vertigineux entre ce qui hier encore nous paraissait être "tout" et devient soudain le "rien", vacuité que tous ceux qui ont vécu un deuil, une séparation, une désillusion profonde, la perte de leur patrie ou de leur image propre connaissent bien. La désespérance est une réponse, mais pas la seule, même si nous passons une vie entière à y donner un sens. On peut imaginer Sisyphe heureux comme le suggérait Camus, qui n'était pas suspect de religiosité excessive, et n'avoir guère de peine à l'associer en une méditation commune à la poésie de l'évangile de Mathieu, au Pessa'h juif ("passage", évoquant la  sortie d'Egypte du peuple hébreu) et au mysticisme soufi de Rûmi.    

Je vous souhaite une bonne fête de Pâque(s)
CV.

Lu dans  :
Liliane Wouters. Le livre du Soufi. Le Taillis Pré.2009. 64 pages. extrait p.61

02 avril 2010

Un habit à sa mesure

"Il arrive au milieu de la vie
que la mort vienne prendre vos mesures.
Cette visite s'oublie et la vie continue.
Mais le costume se coud à votre insu."
Tomas Transtrômer. La place sauvage.


Un ami cher raconte sobrement qu'il a senti le souffle de la mort à deux reprises, lors de deux accidents de roulage aux conséquences dramatiques. Un moment de silence succède au récit, habité dans ma tête par le texte de Tranströmer. Vendredi Saint. Des souvenirs forts me reviennent en mémoire, récits colorés d'épisodes des écritures dites saintes, racontées avec conviction par des enseignants aujourd'hui tous disparus. Bientôt ces récits disparaîtront eux aussi, n'étant plus guère repris par personne. Méritaient-ils la place qu'on leur fit, méritent-ils l'oubli dans lequel on les plonge, je n'ai pas de réponse claire à ces questions aujourd'hui. Mais ils permirent à l'enfant que j'étais de suspendre un court temps ses jeux pour s'ouvrir aux questions éternelles de l'être humain: où étais-je avant d'être moi, où serai-je quand je ne serai plus? 


Lu dans:
Gabriel Ringlet.Un peu de mort sur le visage. Desclée de Brouwer. 1997. 153 pages. extrait p.108

01 avril 2010

"Faut pas se plaindre, cela pourrait aller mieux"
Sagesse d'un optimisme tempéré