29 avril 2009

Une prison de nuages

"On ne s'échappe pas d'une prison sans murs. (..) Les Anglais avaient bien choisi l'endroit. Longwood est une prison de nuages, un cachot aérien. Dans cette geôle, le prisonnier jouit de toutes  les apparences de la liberté: l'océan illimité à 1'horizon, le plateau dégagé, une échappée vers le plus haut sommet de l'île, le pic de Diane. Cependant, l'air et le ciel isolent et confinent aussi sûrement qu'une cellule."
 Passionnante réflexion des dernières années de Napoléon sur l'île de Sainte-Hélène. On s'y croirait. Quel destin tout de même.

Lu dans:
Jean-Paul Kauffmann. La chambre noire de Longwood. Folio. La table ronde 1997. 360 p. Extrait pages 98 et 148  

24 avril 2009

Le visage paysage

«La grande aventure, c’est de voir surgir quelque chose d’inconnu, chaque jour, dans le même visage.
C’est plus grand que tous les voyages autour du monde.» 
Alberto Giacometti 

Comme je disais hier

"Leôn, théologien fameux de Salamanque, fut arrêté au beau milieu de son cours par le tribunal de l'Inquisition. Torturé puis condamné, Leôn passa une dizaine d'années en prison. Libéré, il reprit son enseignement à l'université, à l'endroit même où il l'avait abandonné en disant: «Comme je le disais hier ». 
J-P Kauffmann 

Lu dans:
Jean-Paul Kauffmann. La maison du retour. Folio. Gallimard 2007. 289 p. extrait page 260

23 avril 2009

Le bonheur des débuts

".. ce mal-être moderne: la mélancolie de l'acomplissement. (..) L'unique joie au monde, c'est de commencer. Tout ce qui est atteint est détruit."
Jean-Paul Kauffmann, citant Pavese et Montherlant.

Lu dans:
Jean-Paul Kauffmann. La maison du retour. Folio. Gallimard 2007. 289 p. extraits pages 74 et 270.
Cesare Pavese. Le métier de vivre. Folio. Gallimard. 1987.

19 avril 2009

C'est facile à danser


La mélodie du Bonheur 
do : le dos, qu'il a bon dos 
ré : rayon de soleil d'or 
mi : c'est la moitié d'un tout 
fa : c'est facile à chanter 
sol : l'endroit ou nous marchons 
la : là bas où nous allons 
si: c'est siffler comme un pinson 
Et nous retournons à do, do do do DO ! 

do : le dos, qu'il a bon dos 
ré : rayon de soleil d'or 
mi : c'est la moitié d'un tout 
fa : c'est facile à chanter



18 avril 2009

Les remèdes d'aujourd'hui

"Mon doux trésor, je suis en train de te faire de bien stupides aveux et, à vrai dire, sans raison, à moins peut-être que ce soit la cocaïne qui me délie la langue."
S. Freud

L'interdit d'aujourd'hui fut remède jadis. En 1884, Freud s'intéresse aux propriétés et aux effets de la cocaïne, et en devient un fidèle utilisateur comme un ardent défenseur. A l'époque on l'utilise pour lutter contre la morphinomanie, et on la croit sans effets secondaires ni accoutumance. Aussi Freud, qui en expérimente les qualités toniques, la recommande largement, y compris à Martha, sa fiancée. Sous l'influence de ce « philtre moderne», il lui écrit des lettres enflammées et découvre, surtout, l'étrange pouvoir qu'il a de lui délier  la langue. «Le peu de cocaïne que j'ai pris me rend bavard, ma petite femme chérie... » Ce remède qui suscite une parole imprévue, non contrôlée, et dont le sens n'est pas parfaitement maîtrisé, peut être considéré comme la première clé qu'il utilisa ouvrant sur le « continent noir». La coca avait été découverte au Pérou par les conquistadors vers 1530, et ses premiers arbustes importés en France en 1750. En 1855, à force d'en broyer les feuilles, Gaedecke, un étudiant en pharmacie parvient à en isoler l'agent actif, un alcaloïde qu'il nomma érythroxyline, du nom latin de la coca : Erythroxylon Coca. A Göttingen, Nieman lui aussi broyait des feuilles. Lui aussi isola l'alcaloïde et il le baptisa cocaïne. Plus simple, plus sonore, plus dynamique, plus immédiatement compréhensible qu'érythroxyline, cocaïne s'imposa.  Avaient-ils prévu les conséquences de leurs actes? En quelques années, pharmaciens et chimistes tirent de la cocaïne des excitants, puis des anesthésiants, tous plus efficaces les uns que les autres. Le 12 octobre 1860, le président Lincoln devient l'un des premiers Américains à acheter, dans une pharmacie de Springfield (Illinois), un élixir à base de coca. En 1863 en Corse, Mariani commercialise son célèbre vin, infusé avec des feuilles de coca chargées à 6 grammes par once, soit un quart de gramme de coke pure dans une bouteille de 50cl. C'est la période de la folie cocaïne. Des célébrités y trouvent leur bonheur. Elles le font savoir : Edison, Jules Verne, Zola, le prince de Galles, le pape Léon XIII et bien sûr Freud, qui reniera par la suite ses déclarations enfarinées. Voila du beau monde derrière les barreaux s'ils étaient nés un siècle plus tard. 

Ne rions pas, l'interdit sourd de partout. Plusieurs personnalités et organisations, dont la Ligue des droits de l'homme (LDH), se sont émues ce 16 avril de la disparition de la pipe du célèbre personnage sur des affiches annonçant la promotion de la rétrospective Jacques Tati à la Cinémathèque de Paris. On y voit M. Hulot sur un Vélosolex, vêtu de son éternel chapeau, d'un pantalon trop court et d'un non moins éternel imperméable élimé. Mais sa pipe a disparu, remplacée par un petit moulin à vent. Métrobus, la régie publicitaire de la RATP et de la SNCF qui diffuse quelque 2.000 affiches, explique avoir voulu respecter la loi Evin, qui interdit toute publicité "directe ou indirecte" en faveur du tabac ou de l'alcool. L'ancien ministre Evin, son promoteur a réagi sèchement, trouvant qu'on en outrepassait l'esprit. La lutte antitabac y gagne peut-être, mais le patrimoine culture y perd certainement. Tout cela m'a donné l'envie d'une bouffarde, ce soir au coin du feu, ravi de braver la loi et les préceptes que j'enseigne. 
 
Lu dans :
Louise L Lambrichs. La Vérité médicale. Pluriel. Ed Robert Laffont. 1993. 470 pages. Extrait p.327
Comment Freud devint drogman, Paris, Navarin, 1983.
Lettre de Freud à Martha Bernays du 2 juin 1884. Voir aussi S. Freud, De la cocaïne, écrits réunis par Robert Byck, Bruxelles, Complexe, 1976.
La pipe de M. Hulot "censurée" sur des affiches. Nouvelobscom. 17.04.2009
 

17 avril 2009

Donner le jour

Magie des mots, magie des images : 
"Donner le jour" se traduit par "dare alla luce" en italien et "dar a luz" en espagnol, littéralement "mettre à la lumière".

Merci à Manu , qui complète ainsi mon récent "Ljosmodir", sage-femme en islandais ou mère-lumière. Et maintenant, admirons ce que Jérome Murat en fait sur scène, du pur bonheur.

Le gazouillis et l'épouillage

«Qui a fait quoi ?», « avec qui?»
Connaissez-vous Twitter et les tweets (gazouillis en anglais), ces messages courts, d'une longueur maximale de 140 caractères, circulant en permanence sur un outil de réseau social (Twitter) qui permet à l'utilisateur de signaler à son réseau "ce qu'il est en train de faire". Il est possible d'envoyer et de recevoir ces messages par Internet, par messagerie instantanée ou par messagerie numérique. Leur succès répond à l'ancestral besoin humain du commérage. Dans son livre Grooming, Gossip and the Evolution of Language ((Épouillage, bavardage et évolution du langage»), Robin Dunbar - professeur de psychologie à l'Université de Liverpool - montre que la population moyenne consacre environ deux tiers de ses conversations aux cancans. Le psychologue évoque « les rythmes naturels de la vie sociale ». Il compare les séances de commérages chez les humains à celles de l'épouillage chez les primates, pendant lesquelles les singes passent des heures à nettoyer la fourrure de leurs congénères. Chez les grands singes qui vivent en groupe, le but de ces échanges est de souder la communauté. Dunbar suggère que les humains, en évoluant, ont privilégié le langage à l'épouillage parce qu'il prenait moins de temps et permettait à l'individu de faire plusieurs choses à la fois. De nombreuses recherches vont dans le sens du commérage comme activité essentiellement positive et créant du lien: une étude a montré que, lorsque des individus s'adonnent aux ragots, seulement 5 % du contenu de leur conversation implique des jugements et des critiques négatives. Dans la majeure partie du temps, on s'interroge sur « qui a fait quoi ?», « avec qui?» et l'on partage des expériences sociales personnelles. Une autre recherche a découvert que seulement dix minutes de bavardages chaque jour étaient aussi efficaces pour stimuler la mémoire et la performance mentale que de faire des mots croisés. Pour apporter une contribution unique au patrimoine de l'humanité, j'ajouterai qu'à l'heure qu'il est (8h50) je suis chez moi, je me suis rasé, ai terminé mon café, un demi-journal et qu'il pleut: 22 mots, 113 caractères, le compte est bon. 
  
Lu dans :
Daniel Tammer. Embrasser le ciel immense. Le cerveau des génies. Ed. Les arènes. 2009. 325 pages. Extrait p.237
Robin Dunbar. Grooming, Gossip and the Evolution of Language. Harvard University Press. 1998. 242 pages.

16 avril 2009

La mère lumière

"Ljosmodir", sage-femme en islandais ou littéralement mère-lumière.
Daniel Tammer.

Certaines expressions issues de langues étrangères sont émouvantes et nous enrichissent. Une de nos belles-filles (en voici encore une, d'expression superbe, tellement plus parlante que l'antique "bru") consultait ce jour à Jo'burg son accoucheuse. L'heureux événement est programmé dans une dizaine de jours: on devine le foetus attendant la lumière du jour comme le marin l'aurore.

Lu dans.
Daniel Tammer. Embrasser le ciel immense. Le cerveau des génies. Ed. Les arènes. 2009. 325 pages. Extrait p.107 

10 avril 2009

Les mobiles de la tendresse

"Les objets sortis des mains de Calder sont des tendresses en trois dimensions."
RP Turine

 
Lu dans :
Les sortilèges de Calder. Roger Pierre Turine. LLB. 03/04/2009.
Calder: Années parisiennes : 1926-1933. Centre Pompidou, rue Saint-Martin, Paris 3e. Jusqu’au 20 juillet, tous les jours, sauf le mardi et le 1er mai, de 11 h à 21 h. Catalogue. Infos : 01.44.78.14.63 et www.centrepompidou.fr

Un simple rattrapage

"Le bonheur de déguster un verre de Mission Haut-Brion 1975
le bonheur de lire et de relire une page des Géorgiques, de Virgile
d'écouter à l'envi un air adoré de Haydn
le bonheur de pouvoir contempler un paysage sauvage et jamais borné."
JP Kauffmann

De 1985 à 1988, au Liban, une vague d’enlèvements a frappé le monde occidental et particulièrement les Français, qui ont compté jusqu’à neuf concitoyens détenus à Beyrouth. Leurs souvenirs, récoltés dans un documentaire de France 2, tissent une amère réflexion sur les tractations d'état et le difficile retour à la liberté, "qui n'est pas vécu comme une victoire mais un simple et aléatoire rattrapage." Emouvant. 

Lu dans:
La maison du retour, Jean-Paul Kauffmann, Gallimard, Folio, 2008, 288 pages
Le temps des otages, France 2, 9 avril 09, Stéphane Khémis. 

03 avril 2009

Sagesse du pardon

"Pardonner à quelqu'un, c'est libérer de la place dans son coeur."
JI'An

Une question m'habite en vous partageant cette pensée, à laquelle vous qui êtes de routes si diverses pourrez me répondre: le pardon , - le mot et l'attitude -, sont-ils génériques de la nature humaine ou plutôt de nature religieuse, auquel cas je l'aurais assimilé naturellement avec le lait maternel et le gateau de fruits. Le livre (une BD) dont je l'ai extraite, est superbe et à conseiller de 7 (et même moins) à 77 ans (et même plus). 
  
Lu dans :
La voie de la sagesse, tome 1 : Poussière de printemps. Ji An. Genre : Manhwa. Editeur : Xiao Pan. 2009. 
Trois épisodes de l'initiation d'un jeune garçon : Poussière, sur la voie du Chan, doctrine chinoise qui a donné au Japon les bases de la pensée Zen. Le Chan (du sanscrit Dhiana - méditation - plus connu sous le nom de Zen, qui est sa traduction en japonais) n'est pas à proprement parler une philosophie car il n'a pas son propre système de pensée, et il ne fait pas non plus référence à une religion. Il enseigne plutôt la méditation, la concentration de l'esprit, un état dans lequel il ne se laisse pas troubler par des éléments extérieurs.  Dessinée selon un mode traditionnel (encre, papier), chaque histoire permet au petit moine de découvrir une relation –simple- avec le monde qui nous entoure".

02 avril 2009

Les étoiles intérieures

"Tant que je peux observer mes propres étoiles,disait-elle,tant que je peux diriger mon esprit vers la comtemplation de tout ce que je veux voir réapparaître,les êtres et les choses,alors qu'importe le sol que foulent mes pas,qu'il soit carrelage ou aiguilles de pin."
R. Detambel

Lu dans
Noces de Chênes. Régine Detambel. Gallimard. extrait p 52.

01 avril 2009

Change

"Soyez le changement que vous souhaitez au monde."
Gandhi
Cité par :
Rajendra Kumar Pachauri, président du GIEC, prix Nobel de la paix 2007, "Changements climatiques : grand défi du XXIe siècle" (GCC, 31 mars 2009)