30 mars 2009

La petite cale qui empêche la mise en route du destin

"Nul ne sait combien de fois par an, par semaine, voire par heure, il est témoin de faits qui représentent le préambule, l'épilogue ou un petit extrait d'un événement qui peut se terminer par une catastrophe à l'occasion mortelle, mais dont les éléments pris séparément sont tout à fait insignifiants. Notre incapacité à interpréter ces fragments nous protège de la culpabilité."
Juli Zeh
Lu dans:
La fille sans qualités. Juli Zeh. trad. de l'allemand par Brigitte Hébert et Jean-Claude Colbus. Actes Sud. Babel.2007. 660 pages. extrait p.70

29 mars 2009

Un avenir radieux

"Amour   chance    santé    maigrir
impuissance   protection     retour immédiat de l'être aimé(e)
succès en affaires et au travail       maladies inconnues ,
probèmes de famille ou d'amour
pas de problème sans solution
cent pourcents résultats garantis "
Professeur Soriba     medium voyant astrologue magnétiseur
 Sagesse des rebouteux, une médecine fondée sur l'épreuve


28 mars 2009

A l'horizon des sillons

"Chacun a besoin d'accrocher sa charrue à une étoile."
Alain Houziaux
Où on retrouve les racines et les ailes,
la terre à labourer, le sillon qui se creuse, le goût du pain;
la ligne d'horizon, le regard et la pensée qui s'échappent, le goût du vin.

Lu dans :
Paraboles au quotidien. Alain Houziaux. Cerf. 1988
Et je serai pour vous un enfant laboureur. Gabriel Ringlet. Albin Michel. 2006. 22 pages. Exergue p.9

Quitter un monde bon

"J'ai appris une chose et je sais en mourant
Qu'elle vaut pour chacun:
Vos bons sentiments, que signifient-ils
Si rien n'en paraît en dehors?
Et votre savoir, qu'en est-il
S'il reste sans conséquences? [.. .]
Souciez-vous, en quittant ce monde,
Non d'avoir été bon, cela ne suffit pas,
Mais de quitter un monde bon!"
Bertolt Brecht, Sainte Jeanne des abattoirs
Lu dans
Bertolt Brecht, Sainte Jeanne des Abattoirs,L'Arche, Collection : Scene Ouverte, 1997

27 mars 2009

Il y a Schwarzenegger et Schwarzenegger

Il faut se garder des jugements hâtifs, fondés sur une image caricaturale parfois périmée: Philippe Lamberts, dont on connaît les penchants, me signale avec humour que  Schwarzenegger ne prend pas la révolution verte à la légère et peut donner à tous des leçons de changement en Californie dont il est gouverneur.

26 mars 2009

Entre le pain mou et le Perret dur

"Je crois qu'un des vrais dangers qui guettent le monde, c'est l'invasion du mou et du pré-moulé sous les formes sournoises de : hamburgers, baskets, Wonderbra, pantalons stretch, viennoiseries, gomme arabique, moelle de bœuf, balle anti-stress, bavarois industriels, gélatines colorées... "
Régine Van Damme
 ... mais je n'aime guère plus l'invasion de ces choses bien dures et tout aussi actuelles aux noms de Taser, Hummer, Browning, Schwarzenegger, Bren, Kalachnikov, Molotov, Drone, Zeppelin, Exocet, Scuds, Close Combat, Machette, Starfighter, Rafale, Mirage, Trinity, Fat Man et Little Boy. Elle n'est pas loin l'époque où on censurait les Zizis de Pierre Perret (le dur) tout en publiant en pleine page des pubs défendant "la FN, là où l'acier a le goût du pain" (le mou). Vinrent les Treets (devenus M&M's) qui "fondaient dans la bouche, pas dans main", un consensus (mou) sur lequel on peut s'entendre.

Lu dans:
Ma voix basse. Régine Van Damme. Escales du Nord. Le Castor astral. 2004. 170 pages. Extrait p.72

Les présents inutiles

"Présenter des noisettes à ceux qui n'ont plus de dents."
Dictionaire de l'Académie française.

La lecture des ouvrages les plus sérieux cache d'amusantes vérités, telle celle-ci qui résume le fait "d'offrir quelque chose à une personne dont il n'est pas en état de se servir, comme une jeune fille à un vieillard." 

24 mars 2009

Les rencontres improbables

"Il y a Alzheimer et Parkinson qui font les cons sur un bateau: Parkinson saute à l'eau, qui reste à bord?"
Régine Van Damme
J'ai souri intérieurement dans le métro ce matin, imaginant l'improbable rencontre d'Aloïs Alzheimer, neuropsychiatre allemand et de James Parkinson, le foisonnant médecin, géologue, paléontologue et activiste politique anglais: "My name is Parkinson, Dr Alzheimer I presume". Las, il leur aurait fallu remonter l'horloge du temps, ce à quoi leur  médecine ne les avait pas (encore) préparés.

Lu dans 
Ma voix basse. Régine Van Damme. Escales du Nord. Le Castor astral. 2004. 170 pages. Extrait p.101

Une vie rêvée

"Toute vie racontée est par nature une vie rêvée."
 Alejandro Rossi


Peut-on se raconter sans valoriser certains faits au détriment d'autres, et finalement se construire un destin? Ce qui mène Rossi à baptiser sa dernière oeuvre non pas "roman" mais "vie imaginée", contrepoint à cette impression tenace qu'il a de vivre avec des papiers d'identité erronés, et que tout dans sa vie n'est que méprise et lui-même un usurpateur. Oeuvre prémonitoire, dans un monde où la p(m)aternité et la filiation se voient bouleversées par des avancées scientifiques sans précédent, devenues quotidiennes. En une seule journée de pratique (et de récit de mon épouse directrice dans l'enseignement secondaire) trois récits inimaginables il y a vingt  ans se croisent: un couple stérile fait un bref séjour dans un pays voisin où le don d'ovocytes est toléré, une jeune maman célibataire porte un bébé conçu sans père, une autre fait conserver soigneusement des paillettes de sperme congelé de son mari atteint d'une affection terminale. Et si le véritable défi à l'éthique du monde qui vient consistait à ne plus privilégier les origines, stables et reconnues d'une filiation bourgeoise, mais permettre à chacun de se construire avec des chances similaires par le simple fait qu'il est humain, de se forger un destin personnel dans lequel l'origine, la race ou le lieu de naissance feraient place au mérite individuel et à la capacité "d'être avec"? A se forger une personnalité en filiation aux être qui vous ont aimés, et non seulement engendrés? A se considérer comme mis au monde par étapes successives, par identification à des images parentales multiples et bienveillantes? A privilégier un devenir possible sur un passé castrateur, et où la notion de concevoir un enfant ne soit plus oeuvre de reproduction - horrible terme - mais invitation à se construire un projet propre? Que cette nouvelle éthique se fasse au prix de déchirements sociétaux et familiaux ne fait aucun doute, car elle remet en question la transmission des avoirs, des savoirs et des pouvoirs. Mais aussi des frontières et de nombre de privilèges issus du lieu de naissance: l'être humain est-il prêt à devenir un éternel sans-papiers sur terre? Utopie? Les faits sont tenaces et n'offrent aucune alternative plausible à l'élaboration joyeuse d'un nouvel art de vivre ensemble tenant moins compte des racines que des ailes, des certitudes héritées que des projets. Jamais autant que ces dernières années le présent n'est aussi vite devenu du passé, et c'est somme toute réjouissant. 

Lu dans:
Alejandro Rossi. Edén. Trad. de l'espagnol par Serge Mestre. Gallimard. 2009. 289 pages.

23 mars 2009

Le temps perdu

"Au printemps, tu verras, je serai de retour,
Le printemps, c'est joli pour se parler d'amour,
Nous irons voir ensemble les jardins refleuris,
Et déambulerons dans les rues de Paris,

Dis, quand reviendras-tu,
Dis, au moins le sais-tu,
Que tout le temps qui passe,
Ne se rattrape guère,
Que tout le temps perdu,
Ne se rattrape plus."
     Barbara


La chanson mythique me parvient dans la voiture ce dimanche. Dehors le printemps en cette campagne brabançonne est superbe. Barbara, encore inconnue, chantait pour une première fois un texte de sa composition, enregistré en 4ème plage d'un disque 45 tours chez Odéon. Elle interprétait jusqu'ici d'autres méconnus, Brel et Gainsbourg. Tout cela me semble avoir soudain ce goût étrange venu d'ailleurs, d'une autre planète qui se serait éloignée de la Terre. Un jour aussi, nous connaîtrons cet engloutissement, et c'est heureux. Luc Ferry dans "la sagesse des mythes" raconte que la déesse Aurore, amoureuse d'un simple humain, un Troyen nommé Typhon, implore Zeus de conférer l'immortalité à son amant. Elle voit au fil des ans, Typhon se rabougrir jusqu'à n'être plus qu'un minuscule déchet qu'elle finit par jeter dans un coin, avant de le transformer en cigale. Il aurait fallu, comme Calypso le demanda pour Ulysse, offrir l'immortalité ET la jeunesse perpétuelle. Ulysse, sagement, refusa l'une et l'autre pour assumer sa condition d'humain, avec ses racines en Ithaque plutôt que la jeunesse éternelle dans une île de nulle part: "une vie de mortel réussie est préférable à une vie d'immortel ratée". Merci à Philippe Heureux qui me rappelle cette leçon de sagesse.

 Lu dans:
Dis, quand reviendras-tu. Barbara, Éditions Beuscher, Odéon, MOE 2324 M, 45t
Apprendre à vivre (2). La Sagesse des mythes, par Luc Ferry , Éd. Plon, 394 p., extrait. chap.1

22 mars 2009

Ce temps qui s'écoule comme eau dans le sable

"Je lis dans le marbre la saignée du temps."
Régine Van Damme
 
Les lectures de ce samedi printannier paisible ramènent dans leur filets quelques perles qui s'enfilent comme un seul collier de réflexions sur le temps qui s'écoule, insaisissable, prodigieuse machine à souvenirs sans cesse renouvelés. La nouvelle de Stefan Zweig "Le voyage dans le passé", écrite en 1929 et éditée par Grasset cette année, est allégorique en elle-même. Qu'un texte  intégré  modestement à un recueil  collectif paru à Vienne au début du siècle passé  puisse renaître près d'un siècle plus tard et se positionner en tête des ventes plusieurs semaines d'affilée, répondant par sa modernité de ton à une angoisse diffuse de notre monde actuel, interpelle: appartenir au passé et vieillir sont-ils synonymes? L'histoire âpre de ce couple séparé par un océan, un mariage et une guerre  tient en une centaine de pages et une phrase lucide: "Je compris alors que le passé ne se rattrape jamais." Phrase qui n'est pas reprise à Zweig mais à Karel Schoerman dont le dernier ouvrage sort ce mois chez Phébus: la constante de la fuite du temps ne se réduit ni à une époque, ni à une culture précises. Y répond en écho un peu désabusé le colloque sentimental de Verlaine, qui clôt et éclaire "Le voyage dans le passé": 

Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l'heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l'on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.
Te souvient-il de notre extase ancienne ?
Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne ?
Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom ?
Toujours vois tu mon âme en rêve? Non.
Ah! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches! C'est possible.
Qu'il était bleu, le ciel, et grand l'espoir !
L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.

Paul VERLAINE, Fêtes galantes (1869) Colloque sentimental.

Lu dans:
Ma voix basse. Régine Van Damme. Escales du Nord. Le Castor astral. 2004. 170 pages. Extrait p.40
Le voyage dans le passé. Stefan Zweig. Grasset 2008. 175 pages. Traduction Baptiste Touveray , suivi du texte intégral allemand.
Cette vie. Karel Schoerman. Traduit de l'afrikaans par Pierre-Marie Finkelstein. Phébus. 2009. 265 pages.   

21 mars 2009

Publish or perish

 "Comme on ne pose jamais les bonnes questions
pourquoi aurait-on un jour les bonnes réponses?"
Miossec

"Tout était faux. Les patients supposés avoir testé des médicaments censés accélérer leur rétablissement postopératoire n'ont jamais existé. Les vingt-et-un articles scientifiques où étaient décrits les bienfaits de ces molécules miraculeuses n'étaient qu'un tissu de statistiques sans fondement. Mais, sur la foi de ces résultats frauduleux, des millions de personnes se sont vu administrer des molécules bien réelles, qui ont rapporté des sommes colossales aux compagnies qui les commercialisent, Pfizer, Merck ou Wyeth. Scott Reuben avait tout inventé. L'anesthésiste américain, auteur respecté de dizaines d'articles médicaux, a avoué la fraude. Non par remords. Mais parce qu'il a été démasqué : deux des résumés d'études qu'il avait produits en mai 2008 ont intrigué les services de santé du Baystate Medical Center (Massachusetts), où il était chef du service antidouleur. Le docteur Reuben n'avait pas l'autorisation de conduire ces essais. L'ampleur de l'imposture n'a pas tardé à être découverte. (..) La course aux honneurs, et aux crédits qui les accompagnent, est le moteur de ce type de comportement. Les "travaux" du docteur Reuben étaient en partie financés par Pfizer, qui en avait fait l'un de ses porte-parole lors de conférences scientifiques où ses interventions étaient rémunérées. Un représentant de la firme s'est dit "déçu d'apprendre les allégations envers M. Reuben". Ce dernier n'hésitait pas à défendre auprès des instances d'autorisation des médicaments l'usage de molécules qu'il testait sur ses patients fictifs... Dans l'attente d'éventuels développements judiciaires, cette affaire, comme à chaque fois qu'une telle imposture est dévoilée, conduit à s'interroger sur la fiabilité de l'édition scientifique, et en particuliers médicale. Selon l'adage bien connu "publish or perish", c'est en effet grâce à la publication dans les revues scientifiques que se construit une carrière. (..) Dans le cas du docteur Reuben, ce filtre a été gravement pris en défaut. Comment le système éditorial n'a-t-il pas été alerté, notamment par la productivité de M. Reuben ? Confiance abusive, et abusée ? Plusieurs études récentes montrent que nombre de chercheurs, à une moindre échelle, profitent des failles de ce système d'autorégulation - souvent considéré comme le moins imparfait. Le plagiat semble être une tentation forte, même si la pratique reste marginale. Une étude conduite par des chercheurs de l'université du Texas, et publiée dans la revue Science le 5 mars, a ainsi permis d'identifier 212 paires d'articles dupliqués à 86,2 %, mais signés par des auteurs différents. Contactés, les plagiaires ont réagi diversement : 28 % ont nié s'être mal conduits ; 35 % ont admis avoir effectué des emprunts, et s'en excusaient ; 22 % ont prétendu être des coauteurs non impliqués dans la rédaction ; 17 % disent avoir ignoré que leur nom figurait dans l'article incriminé. La moitié des cas de plagiat signalés aux journaux scientifiques n'ont pas reçu de réponse de la part des éditeurs. Une autre étude, parue le 13 février dans le British Medical Journal, montre que certaines revues facilitent, inconsciemment ou non, la publication de travaux financés par l'industrie pharmaceutique. Passant au peigne fin 274 études sur les vaccins grippaux, Tom Jefferson (Cochrane Vaccine Field, Italie) a constaté que celles qui paraissaient dans les journaux considérés comme les meilleurs n'étaient pas forcément les mieux conçues et les plus pertinentes. Ce qui faisait la différence, c'était la nature du sponsor de l'étude. En clair, les grosses firmes pharmaceutiques ont plus de chance de voir les travaux qu'elles financent publiés dans les journaux de haut rang. "Les sponsors industriels commandent un grand nombre de tirés à part des études qui valorisent leurs produits, assurant eux-mêmes la traduction. Ils achètent aussi des espaces publicitaires dans ces journaux. Il est temps que ceux-ci dévoilent leurs sources de financement", note M. Jefferson. Suspectée d'instrumentalisation, l'édition médicale est parfois aussi critiquée pour ce qu'elle ne publie pas. Une étude mise en ligne, le 17 février, par la revue PLoS Medicine montre que les études cliniques françaises de phase 1 - destinées à évaluer la toxicité d'un candidat médicament - ont une probabilité très faible d'être publiées dans des revues scientifiques : 17 %, contre 43 % pour les études de phase 2 à 4, plus proches de la commercialisation. Or, même s'ils se sont révélés négatifs, les résultats de phase 1 ne sont pas négligeables : on peut en tirer des enseignements sur les molécules testées, et éviter à d'autres de s'engager sur de fausses pistes."
  
Lu dans:
Ma voix basse. Régine Van Damme. Escales du Nord. Le Castor astral. 2004. 170 pages. Extrait p.7
A Medical Madoff: Anesthesiologist Faked Data in 21 Studies. Scientific American. 10 mars 2009.
Un "Dr Madoff" de la pharmacie. Hervé Morin. Le Monde du 20 mars 2009

20 mars 2009

Un pays qui meurt

"C'est triste un pays qui meurt. Surtout celui-là, villageois et universel, avec sa bâtardise flamboyante, sa capacité à rire avec lui-même, lumineux comme un sourire de Cécile de France et âpre comme un poème de Verhaeren."
JA Fralon

 
Il faut parfois recevoir le regard des autres sur soi pour se découvrir, telle cette description que fait de notre pays l'ancien correspondant en Belgique du Monde.

Lu dans:
La Belgique est morte, vive la Belgique. José Alain Fralon. Ed. Fayard 202 p.  

18 mars 2009

La vie sourd de partout

"Le soleil, pas plus que la nuit, ne peut se regarder."
G. Thinès
 
Aperçue ce matin, une coulée de crocus illuminait le parc forestier proche de mon domicile. Le printemps soudain s'annonce, timide, fait d'ombres et de lumières colorant de tons pastels ce qui fut jadis le premier cimetière d'Anderlecht.  Tout y est nuances en ce mois de mars, rien qui soit définitif : une pâle chaleur, un ciel d'un bleu timide, une végétation qui envoie quelques fleurs fragiles en estafettes pour voir si on peut déjà y aller, ou s'il vaut mieux attendre. Toutes choses qui, à la différence de la phrase de Thinès, se laissent regarder avec ravissement. La vie qui sourd de partout est de retour. 

Lu dans:
Madame Küppen et l'autre monde. Georges Thinès. L'âge d'homme. 2007. 165 pages. Extrait p.118

17 mars 2009

Une étincelle dans l'éternité

« Toute rencontre est une étincelle dans l’éternité. »
Proverbe Zen.
... "une traînée d'argent rapide comme celles étoiles filantes", complète Luc Dietrich. "Puis un jour, on ne sait pourquoi, leurs yeux tombent dans l'ombre et on ne les revoit plus jamais." Ce qui faisait dire à Pindare (518-438 av JC) que "l'homme n'est que le rêve d'une ombre". Pas top, diraient nos grands enfants, tu n'as rien de plus drôle?  Il me plaît pourtant d'imaginer que chacune de nos rencontres suscite des étincelles.
 
Lu dans :
Luc Dietrich. Le bonheur des tristes. Editeur : Le Temps qu'il fait. 1935 (19 mai 1998). 209 pages
Pindare. Pythiques VIII, v. 95-96.

La distance abolie

"Progrès: distance de plus en plus brève entre les choses qui s'inventent et les mêmes qui s'éventent."
Albert Brie
Une demi heure de conversation au coin du feu avec Aline et Benoît à Johannesbourg sur Skype. Par la caméra, découverte de la future chambre du bébé, comme si nous y étions. La distance abolie. 
Michèle et Vincent ont bien reçu par la poste ce 15 mars notre carte de voeux envoyée du Cap le 26 décembre. La distance rétablie.
Tout change. Rien ne change. Tout se transforme.
 
Lu dans:
Le mot du silencieux, Dictionnaire du marginal. Citations de Albert Brie

16 mars 2009

Une phrase en moins

"Une phrase en moins, et ça fera l'affaire."
Sagesse de blogueur
Derrière la formule brève, l'idée monolithique, le titre-choc se cache parfois ce qui les colore et leur donne toute leur saveur. Parfois un simple déplacement de virgule ("To ber or not to be, that's the question" devient dans sa formule originelle "To or not, to be that's the question"), parfois un contre-sens ("qui dort dîne" pour "qui dort, dîne" - celui qui loue un lit pour la nuit est tenu de prendre aussi le repas). Le célèbre "La France ne peut accueillir toute la misère du monde" de Michel Rocard se révèle quand on en connaît sa suite "mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part" (1989), tout comme la maxime de Marx désignant la religion comme "l’opium du peuple". Amin Malouf, laïc de conviction, rappelle que son auteur, sans dérision ni dédain, entendait par là qu’elle était "le soupir de la créature opprimée, le cœur d’un monde sans cœur, l’âme d’un monde sans âme". 


14 mars 2009

Déjà l'altermondialisme, Eluard

"Il y a un autre monde, mais il est dans celui-ci."
Eluard
 Lu dans :
Du Corps. André Comte-Sponvielle. PUF. 2009. 335 p. Extrait p.10

13 mars 2009

La source qui fait son travail de source

 " ... la source qui fait modestement son travail de source
mais va rejoindre    par de très longs chemins
l'océan Atlantique

le bruit très bas   à peine si on l'entend
d'une mélodie encore suspendue     que les doigts
du musicien effleurent   invertains      sur le clavier
inventant à tâtons de l'oreille       la suite de l'air naissant
qui cherche à s'achever   à s'accomplir      Il chante enfin

Claude Roy, Kerdavid, samedi 22 août 1992

 
Que j'aime cette source-là, et cette mélodie-là.

  
Lu dans: 
Claude Roy , Les pas du silence, Gallimard, nrf, 1993, 270 p., extrait p.157

12 mars 2009

Eloge du vide

« Les vases sont faits d'argile, mais c'est grâce à leur vide que l'on peut s'en servir »
Laozi (ou Lao-tseu)
 
Après l'éloge du rien, l'éloge du vide, dont le mystère reste entier au point que le Centre Pompidou en expose une rétrospective (jusqu'au 23 mars), prenant la forme d'une succession de huit salles entièrement vides d’une blancheur virginale, poussant au plus loin les investigations jusqu’au risque de l’absence d’art. L’expo sera ensuite montrée à la Kunsthalle de Berne du 10 septembre au 11 octobre. Combien de camions pour le transfert? Le hasard des lectures d'une journée me fait enchaîner cette information culturelle par un extrait de Comte Sponville qui écrit "qu'on ne choisit pas ses goûts, mais pas non plus son époque. La mienne, d'un point de vue artistique, me révoltait."  C'est pensif que j'ai entamé ma tournée. 

Lu dans:
Vides. Une rétrospective. Centre Pompidou, Paris. Jusqu’au 23 mars. De 11 à 21h. Fermé mardi.
Du Corps. André Comte-Sponvielle. PUF. 2009. 335 p. Extrait p.10
______________________________________________________________________

Une très vieille petite fille

"Maintenant je suis une très vieille petite fille. Vous, il me semble que vous avez grandi, je me trompe?"
Michèle Lesbre


La femme qui parle est très très âgée, et s'adresse à une jeune amie qui revient d'un long voyage à la recherche d'une personne aimée et perdue. Elle se décrit, "petite fille, je vivais dans la folle attente de la vie. Je croyais qu'un jour, brusquement, la vie allait commencer, s'ouvrir devant moi, comme un lever de rideau, comme un spectacle qui commence. Il ne se passait rien , et il se passait des quantités de choses, mais ce n'était pas ça, on ne pouvait pas dire que c'était la vie, et il faut croire  que je persiste à être une petite fille car je continue à attendre cette vie qui va venir."  On croit relire Romain Gary et son héros passionné de cerfs-volants « …j’avais sous mes yeux l’exemple d’un homme mûr ayant su conserver en lui cette part  de naïveté que ne devient sagesse que lorsqu’elle vieillit mal.» L'ami perdu de Michèle Lesbre fabrique, lui aussi, curieuse coïncidence, des cerfs-volants pour tous les gosses de son village sibérien. L'une et l'autre réfutent la trop utilisée formule "vous avez toute la vie devant vous, mais c'est quoi toute la vie?" car "il est parfaitement évident qu’un homme qui a voué toute sa vie aux cerfs-volants n’est pas dépourvu d’un grain de folie. Seulement se pose ici une question d’interprétation .Il y en a qui appellent çà « grain de folie », d’autres parlent aussi d’ « étincelle sacrée ». Il est parfois difficile de distinguer l’un de l’autre. Mais si tu aimes vraiment quelqu’un ou quelque chose , donne-lui tout ce que tu as et même tout ce que tu es , et ne t’occupe pas du reste … Il y eut sur sa grosse moustache un rapide passage de gaité . »  (Romain Gary) 

On termine sur Nâzim Hikmet, et son superbe "Nous sommes au bord de l'eau, le platane, moi, le chat, le soleil et puis notre vie. L'eau est fraîche, le platane est immense, moi j'écris des vers, le chat somnole, nous vivons Dieu merci, le reflet de l'eau nous effleure, le platane, moi, le chat, le soleil et puis notre vie." Zou. La journée est déjà finie. Je n'ai pu quitter sans le terminer ce dernier ouvrage de Michèle Lesbre, dont j'avais entamé la lecture ce matin dans le métro. J'y ai voyagé de surprise en surprise en y découvrant plusieurs références littéraires connues et aimées, éveillant plein de souvenirs d'anciennes lectures, de Milena (morte à Ravensbrück, amie de Kafka, Lettres à Miléna) à Claude Roy, Camille Claudel ou Olympe de Gouges (Déclaration des droits de la femme, découverte dans Ziegler la semaine passée). Quand une journée se lève sans soleil et sans projet particulier, essayez la lecture. 

Lu dans:
- Le canapé rouge. Michèle Lesbre. Sabine Wespieser Editeur. 2007. 150 p. extrait p.102
- Les cerfs-volants. Romain Gary. Folio 1467. 1983. 384 p. extraits p. 17 et p. 30  (merci à  Anne Weerens pour les extraits de Romain Gary)

10 mars 2009

Il était plus que lui, il était un peu moi (Bécaud)

"La véritable amitié est peut-être le sentiment le plus désintéressé qu'il y ait. L'amour en général n'est pas désintéressé, l'amitié oui."
Dino Buzzati
La même journée voit se succéder la lecture de cette phrase de Buzzati et le récit d'une patiente, adepte de scrapbooking, heureuse comme tout de s'être trouvée enfin, à plus de cinquante ans, UNE amie avec qui tout partager, se payer des fous-rire, partir faire du lèche-vitrine à la rue Neuve, lire les mêmes livres et écouter les mêmes disques. Diverses circonstances l'ont privée de cette expérience durant l'enfance et l'adolescence. Elle s'est mariée (merci tout va bien de ce côté), deux enfants mariés et aimants, un métier épanouissant, le confort matériel suffisant pour bien vivre. Et maintenant, une amie. Elle se raconte sans détours, toute heureuse de ce qui lui arrive, et paraît rajeunie de trente ans. Et si l'émerveillement venait de l'inattendu, du non-espéré qui prend forme, de cette couleur soudainement neuve du fond de l'air qui vous fait réenchanter le monde. Un effluve neuf dans l'habituel d'une existence et le décours des années soudain s'inverse. 

Lu dans
Charles Juliet. Ces mots qui apaisent. P.O.L, 2008, 231 p, extrait p.78

08 mars 2009

Les circonstances ne s'y prêtent pas

"Etre bon, qui ne le voudrait ?
Mais sur cette triste planète,
Les moyens sont restreints,
L'homme est brutal et bas.
Qui ne voudrait par exemple être honnête?
Les circonstances s'y prêtent-elles?
Non, elles ne s'y prêtent pas."
Bertolt Brecht, Chant de Peachum, L'Opéra de Quat'Sous


"À l'aube du 11 mai 1996, deux alpinistes japonais et leurs trois sherpas sortent de leurs minuscules abris accrochés sous une arête de la face nord de l'Everest. Ils se trouvent à une altitude de 8 300 mètres. Leur but: réaliser l'ascension du massif (8 848 mètres d'altitude) par la face nord. Pour parcourir les 548 mètres de dénivellation et les 1 500 mètres de distance, ils prévoient un maximum de neuf heures (descente comprise). Le calcul est serré: s'ils veulent survivre, il faut qu'ils soient de retour avant la nuit au camp numéro 3. Les conditions sont extrêmement difficiles. La tempête s'est levée. Ils commencent la montée. Au-dessus d'un escarpement rocheux, à la cote 8500, s'élève un promontoire. Là, dans la neige, à quelques centimètres de leur voie d'ascension, les Japonais et les sherpas népalais aperçoivent un alpiniste indien blessé, épuisé, et partiellement gelé. Mais il parle encore. Les Japonais ne s'arrêtent pas et poursuivent l'ascension. Plus tard dans la matinée, à 8630 mètres d'altitude, une pente verticale, un rocher couvert de glace de 30 mètres d'à-pic, les arrête. Ils remplacent leurs cylindres d'oxygène et mangent un morceau. En tournant la tête à droite, le premier Japonais découvre deux autres Indiens. L'un est couché. Il agonise. L'autre est simplement accroupi dans la neige. L'expédition japonaise poursuit sa montée. Aucun de ses membres n'aura tendu ni nourriture, ni bouteille d'oxygène au survivant. Aucun mot n'aura été échangé. Juste des regards. Trois heures et demie plus tard, les cinq grimpeurs, après des efforts surhumains, atteignent le sommet de l'Everest. À leur retour, les sherpas népalais parlent. Ils sont sous le choc. Dans une expédition en haute montagne, comme en haute mer, le capitaine commande, les autres obéissent. Mais les sherpas ne peuvent oublier les yeux suppliants des Indiens abandonnés. Un débat public s'engage alors en Inde et au Japon. Les journaux font les gros titres sur l'événement. Tant en Inde qu'au Japon, la conduite des alpinistes japonais est sévèrement critiquée. Ceux-ci organisent alors une conférence de presse pour se défendre. Le porte-parole de l'expédition, Elsukhe Shigekawa, âgé de 21 ans, explique: Nous escaladons ces grands sommets par nous-mêmes, au prix d'un effort qui nous appartient en propre. Nous étions trop fatigués pour apporter de l'aide. Au-dessus de 8000 mètres, on ne peut pas se permettre d'avoir de la morale."

L'analogie avec les situations concrètes vécues quotidiennement par les prédateurs du capital mondialisé saute aux yeux. À partir d'un certain volume d'affaires, les dirigeants d'un empire financier, d'une société transcontinentale ne peuvent se permettre d'agir selon la morale. Leur progression constante, la survie et la constante extension de leur empire exigent une conduite totalement amorale."

Commentaire 
Je m'en voudrais de ne pas compléter l'extrait de Ziegler du commentaire suivant, que je trouve fort pertinent. Jean Ziegler n'est sans doute pas alpiniste, ni plongeur, moi non plus. Qu'aurions-nous fait dans de pareilles circonstances? Juger à distance, et sans avis contradictoire, n'est sans doute pas une fort bonne idée. 

Denis a écrit :
Hum. Ce me semble nettement plus compliqué que cela, cher Carl. En effet je te rappelle que récemment une équipe de secours (péruvienne sauf erreur, peu importe) a été obligée de laisser mourir sur place un alpiniste plutôt que de tenter de l'emmener, ce qui était, selon eux, physiquement impossible. Je souligne équipe de secours, partie pour aider une cordée andine (italienne) en perdition. Je ne t'apprends rien en signalant que je suis plongeur (certes modeste mais nanti de quelques diplômes), discipline très proche de l'alpinisme. C'est peut-être dur, mais si un camarade de plongée "dévisse" à 40m et plonge vers les 50/60m, le suivre pour l'aider porte un nom: suicide. Idem s'il part comme un boulet de canon vers le haut. Cela se trouve repris à foison dans tous les manuels, parce que, même si cela n'arrive que très rarement (la plongée de loisirs est bien moins dangereuse que l'alpinisme himalayo-andin), il faut y être prêt. Ce qui est certes choquant ici c'est qu'ils aient poursuivi leur escalade... mais porter un blessé? Ils ne seraient jamais revenus, selon toute probabilité (je dis probabilité parce que je ne suis pas alpiniste, aux experts de se prononcer). A 8000 mètres avec l'hypoxie c'est quasi impossible. Bien à toi. Denis

Lu dans:
  • Les nouveaux maîtres du monde. Jean Ziegler. Points. Fayard. 2002. extraits p.91,  pp 101 à 103
  • L'Opéra de quat'sous (Die Dreigroschenoper), Chant de Peachum, Bertolt Brecht et Kurt Weill, 1928.
  • Le récit détaillé de l'ascension est fourni par Richard Cowper et publié dans le Financial Times de Londres. Il a été repris et traduit par Le Monde, 26-27 mai 1996. L'ascension de l'Everest au mépris de la vie humaine.

Art et réalité

"L'art ne copie pas la réalité, mais la rend visible."
Paul Klee
et pour ne pas oublier un hommage à toutes les femmes dont on célèbre la journée , cette vidéo découverte

07 mars 2009

Haiku glané à la Foire du livre

"Rien qui ne m'appartienne sinon la paix du coeur et la fraîcheur du ciel."
Kobayashi Issa

Le moment du passage

Vient de paraître.  Il n'est pas à La foire du livre (snif), mais disponible sur le Web: l'année 2008 d'Entre café et journal a pris la forme d'un petit opuscule sans prétention, mais qui nous permet de rédécouvrir sous une forme différente ce qui fit notre quotidien en 2008. Année étrange, d'où le titre. Doté d'un ISBN (978-1-4092-4838-5), il est en théorie disponible dans les bonnes librairies sur commande, chez Lulu et les autres maisons de diffusion en ligne. Les frais d'envoi attteignent hélas le tiers du prix de vente, aussi en ai-je gardé quelques-uns à disposition chez moi si l'un ou l'autre souhaite offrir un cadeau original, peu de risque en effet que l'élu l'ait déjà. Signalez-moi votre adresse postale et je vous l'enverrai volontiers (10€, à prix coûtant, frais d'envoi inclus, contre 15€ + 5€ en commandant en ligne).  

Support independent publishing: buy this book on Lulu.

06 mars 2009

Eloge de rien

"Le rien est toujours parfait, le quelque chose a toujours ses défauts."
Fritz Zorn
Le Rien, et son jumeau l'Infini, fascinent. Si un rien l'habille, une fille de rien vous fera volontiers la bise (ou plus si affinités comme dans les petites annonces Rencontre) pour deux fois rien, sachant que deux fois rien c'est déjà quelque chose (R. Devos). Un anonyme a écrit il y a trois siècles un "Eloge de rien dédicacé à personne", et on le réédite encore aujourd'hui. Peut-on dans ses conditions encore croire en quelque chose? 
 
  
Lu dans
Fritz Zorn. Marz. 1977. 1979 pour l'édition française (Mars) parue chez Gallimard. NRF. Du Monde entier. 

05 mars 2009

Un au-delà si proche

"L'homme peut être un nain quand il pense, mais un géant quand il rêve."
Holderlin, cité  par Pierre Mertens


Joli, proche de la phrase cueillie au vol d'une conférence de Jean Christophe Rufin lundi soir qui croit "fermement à un au-delà dans le présent, un domaine situé non pas après la vie mais derrière elle. Qu’on l’appelle le rêve, l’imaginaire, la création, il existe et je le fréquente assidûment."  Je vous souhaite vivement quelques moments dans votre au-delà illimité aujourd'hui. 

Lu dans
Le remède? La création. Camille Perotti. La Libre Belgique. 5.3.09. p.20

04 mars 2009

Des oxymorons et autres plaisirs minimes

"On me montre dans le foyer un "mange-debout" ! C’est ainsi qu’on semble appeler ces tables hautes, faites pour y déposer l’assiette ou le verre lors de réunions où l’on se tient debout. On trouve sur les sites de vente des tables mange-debout, des tabourets mange-debout."
J. Mercier
 
On s'amuse de peu lors du petit déjeûner, mais l'expression "tabouret mange debout" m'a fait sourire ce matin. J'avais jusqu'ici bien assimilé la notion de tabouret, petit siége à quatre pieds sans bras ni dos, exemple parfait d'un utile accessoire conçu pour s'asseoir dessus. Un détour par le dictionnaire m'apprend que par extension on nomme ainsi un petit meuble pour poser les pieds quand on est assis, ce qui devient franchement acrobatique dans le cas d'un "tabouret mange-debout". On peut imaginer toutes les positions du Kamasutra, on n'y arrive pas: ce néologisme surprenant, associant un couple de mots incompatibles comme le sont "réalité virtuelle", "force tranquille", "changement dans la continuité" ou "développement durable" demeure pour moi une trouvaille décidément amusante. Des sociologues ont vu dans la multiplication de ces oxymorons un marqueur du passage du 20ème au 21ème siècle, significatif de l'emprise croissante des publicistes et les spécialistes de la communication, passés maîtres dans l'art de travestir les contenus, les sens et les significations. Les signifiants sont vidés de leur sens premier, naturel, instinctif. Dans le cas présent, on nous explique doctement "que de nombreuses relations amicales naissent parmi des personnes qui se retrouvent autour de la même table ou tabouret mange debout lors d’un événement. Ces derniers ne sont donc pas seulement des objets très pratiques, mais aussi les déclencheurs de la communication humaine." Jusqu’à ce matin inconnus, ils prennent une valeur sociale incroyable. Surprises du langage, d'un amusement fugace, nous voilà plongés tôt le matin dans une réflexion sur la société. En voiture Simone, au boulot. 

Lu dans
Le mange-debout. Jacques Mercier. La Libre Belgique. Monsieur Dico.

03 mars 2009

Le fort et le faible

"Ce sont souvent ceux qui apparaissent comme les plus faibles qui survivent."
Jean-Marie Pelt
  
"Ce sont parfois des champignons microscopiques qui assurent la survie d’arbres géants. La nature n’est pas qu’une histoire de prédation, mais aussi d’entraide et de coopération, qui remettent en cause les idées de faiblesse et de force. Parfois, ce sont aussi les prédateurs qui sont mangés par leur proie. Sur le bord d’une mare, un chercheur a constaté que des milliers de crapauds de taille adulte mourraient, aspirés dans la boue. En fait, ils étaient mangés vivants par des larves de taon, qui leur suçaient le sang jusqu’à la mort. Par un curieux retournement de situation, des larves d’insectes sont devenues des prédateurs de crapauds. Les mêmes qui se nourrissent des taons qui naîtront des larves." 

Lu dans:
Jean-Marie Pelt. La raison du plus faible (avec Frank Steffan). Fayard. 249 p.

01 mars 2009

Comment l'araignée tisse sa toile




Tremblement de soleil

"Dans le vague, dans un courant d'air, dans un tremblement de soleil, on peut capter une poussière rêveuse qui nous mènera où nous n'aurions jamais pensé aller."
Charles Dantzig.

 
On eut droit à un tremblement de soleil ce matin au lever du jour: tout espoir est permis.
  

Lu dans:
Charles Dantzig. Encyclopédie capricieuse du tout et du rien. Grasset 2009.