30 septembre 2007

Transparence

"Qui n’a plus qu’un moment à vivre
N’a plus rien à dissimuler. "

Quinault. – Atys

29 septembre 2007

"Le temps est invention ou il n'est rien du tout"

Bergson.

Lettre à Véronique


"Le fleuve construit la rive qui l'empêche de se répandre et de se perdre."

Jacques de Bourbon Busset. Lettre à Laurence


Véronique enterre sa vie de jeune fille à l'heure qu'il est, entourée d'amies chères et de ses belles-soeurs. J'aurais dû lui écrire quelques lignes, pour lesquelles le temps m'a manqué. Elle les trouvera donc demain dans son courrier électronique, sous la plume de Jacques de Bourbon Busset. Engagement et liberté ne sont guère antagonistes: la rive donne au fleuve sa cohérence. Comme l'ombre est la chance de la lumière, la rive est la chance du fleuve.


D'importantes choses peuvent être dites en une vingtaine de mots. Les vivre demeure un autre défi, et demande tout de même un petit coup de pouce du destin, ce zeste de bonne fortune dont la présence ou l'absence fait et défait les existences.

28 septembre 2007

encore le bonheur

"On s'en va parce qu'on a besoin de distraction et l'on revient parce qu'on a besoin de bonheur."

Victor Hugo

26 septembre 2007

Toi et je


« A toi dite Kay qui, en me donnant Toi, m'a donné Je. »


Dédicace inscrite par André Gorz dans l'exemplaire du Traître offert à son épouse Dorine

Histoire d'un amour


"Tu viens juste d'avoir quatre-vingt-deux ans. (...) Tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t'aime plus que jamais. Récemment, je suis retombé amoureux de toi une nouvelle fois et je porte de nouveau en moi un vide débordant que ne comble que ton corps serré contre le mien."


André Gorz. "Lettre à D. Histoire d'un amour" (éditions Galilée, 76 pages). à son épouse Dorine.



Le philosophe André Gorz, 84 ans, et son épouse Dorine, 83 ans, ont été retrouvés morts, lundi 24 septembre, à leur domicile de Vosnon (Aube). Les deux octogénaires reposaient côte à côte. De son vrai nom Gérard Horst, l'auteur d'Ecologie et politique et des Adieux au prolétariat, longtemps proche de Jean-Paul Sartre, avait pris sa retraite en 1983 pour s'occuper de sa femme, atteinte d'une affection évolutive qui s'est doublée d'un cancer. Très épris, le couple s'était retiré dans cette maison, à 35 kilomètres de Troyes. Jean Daniel, avec lequel André Gorz fonda, en 1964, l'hebdomadaire Le Nouvel Observateur, où il fut rédacteur en chef sous le nom de Michel Bosquet, a vu dans leur décès "l'écrasante beauté d'une communion dans le suicide de deux amoureux octogénaires". André Gorz aurait fait part à une amie, il y a quelques jours, de son désarroi devant l'aggravation de l'état de santé de son épouse.Dans un ouvrage paru en 2006 et qu'il voulait le dernier, il notait que la présence de son épouse "fut décisive dans la construction d'une oeuvre dont la visibilité ne porte qu'un nom alors qu'elle fut celle d'un couple, le fruit d'un long dialogue."

24 septembre 2007

Aérien



"Des notes prises au vol surgissent un texte aérien."

Julien Green. Le grand large du soir.

23 septembre 2007

Une petite histoire de chien pour Bernard Kouchner

A en croire ses dernières déclarations, le ministre français des Affaires étrangères (ou est-ce le ministre de la Guerre?) serait déterminé à en découdre à tout prix avec l’Iran. Avant que les choses n’aillent trop loin, qu’il me soit permis, au vu de la mésaventure arrivée à l’un de mes amis antiquaire, de lui conseiller la prudence.
Cet ami-là était récemment à Téhéran en quête de l’objet rare. Or voilà qu’au bazar, passant l’échoppe d’un marchand d’épices, le spectacle d’un chien enfournant sa pitance attire son regard. C’est alors qu’il se rend compte que le bol bleu turquoise qui sert à l’animal de gamelle est un précieux kachan datant du treizième siècle et valant des dizaines de milliers de dollars. Il me le faut, se dit-il, mais je dois à tout prix éviter de mettre la puce à l’oreille du marchand. Il s’approche donc de ce dernier et lui demande du safran."Accepteriez-vous" lui dit-il ensuite en agitant devant ses yeux un beau billet vert, "de me vendre ce chien pour cent dollars américains? " "Marché conclu" s’empresse de dire le marchand en empochant l’argent. "Je vais lui prendre sa gamelle", lui dit alors mon ami qui voyait bien que l’Iranien avait mordu à l’hameçon. "Je vous en donne dix dollars". Mais à sa grande surprise, ce dernier refuse de lui céder la gamelle du chien pour dix dollars. Mon ami lui en offre alors cent, puis deux cents, puis cinq cents, puis mille, mais en vain.
"Pourquoi diable tenez-vous tant à cette gamelle?" s’insurge-t-il finalement. "C’est un talisman, monsieur" lui répond le marchand persan. "Un vrai porte-bonheur !"ajoute-t-il. "Un porte-bonheur? Un talisman?" Mon ami n’y comprenait rien. "Voyez-vous", lui explique alors l’Iranien, "depuis que j’ai cette gamelle, j’ai bien dû vendre un millier de chiens comme celui-ci à des messieurs occidentaux comme vous."
Cela pour dire qu’avant de se fourvoyer plus avant dans ce bras de fer, nos gouvernants feraient bien de se rappeler que les ancêtres de ceux qui président aujourd’hui aux destinées de l’Iran excellaient déjà dans l’art de la diplomatie quand, en Occident, on en était encore à pousser des grognements, à se taper dessus à coups de massue et à traîner les femmes par les cheveux. Mon souci étant que, les Persans continuant à se montrer plus malins qu’eux, les dirigeants du monde occidental ne perdent finalement leurs nerfs et ne recourent à la canonnière. Auquel cas ils ne devraient pas avoir plus de succès avec les Iraniens, que mon ami antiquaire. Bien au contraire. Lui au moins, serait reparti de Téhéran avec un gentil chien-chien.
Percy Kemp. Rue 89. 19/09/2007

22 septembre 2007

Les mots qu'on ne dit pas

"Aussi longtemps que les mots sont dans ta bouche, tu es leur maître. Une fois qu'ils sont prononcés, tu es leur esclave !"

Salomon ibn Gabirol, poète et philosophe espagnol

Destinée curieuse de ce « poète parmi les philosophes, philosophe parmi les poètes » comme le qualifiait Heinrich Heine, dont l'œuvre philosophique influença bien plus la scolastique chrétienne que la philosophie juive, alors que ses poèmes (dont le plus célèbre, Keter Malkhout est encore chanté de nos jours à Yom Kippour) ont tant fait pour sa renommée que la grande artère du district nord de Tel-Aviv, porte aujourd'hui son nom, ainsi que d'autres rues en Israël.

Rien ne vaut un drame

"Pour être réussi et savouré, il [le compromis à la belge] doit être précédé d'un psychodrame. Il faut que l'on sente l'ombre de la rupture, la froideur de la lame qui va tout casser. Il faut que le temps manque pour conclure; en un mot que l'échec soit vraisemblable. Ensuite, il contient une dose d'imagination sophistiquée que l'on ne trouve pas dans les autres pays."

Jean Gandois, dans Le Soir du samedi 22 septembre 2007

20 septembre 2007

Je et moi


"Dès notre naissance, nous vivons avec un inconnu. Il faut s'arranger ensemble, et essayer de se comprendre, ce n'est pas toujours évident. Je ne s'entend pas avec moi. Et pour certains, cela durera jusqu'à ce qu'ils soient enfin sous la terre. De la clarté à l'ombre, le différend aura duré."



Julien Green. Le grand large du soir. Journal.

19 septembre 2007

El amor crece





"La muerte no te ha eliminado
te ha transformado
El dolor disminuye
el amor crece."

"La mort ne t'a pas éliminé
elle t'a transformé
la douleur diminue
l'amour grandit."

Alejandro Jodorowsky . Les Pierres du Chemin (Piedras del camino).

18 septembre 2007

Passeur de sens






Mes maîtres m'ont appris le sens, ce sens qui donne un accord et une correspondance entre le mot et le monde, ce sens qui établit un courant entre l'âme humaine et la transcendance toujours voilée de l'oeuvre.

"H.Grimaud. Leçons particulières.

On rejoint les thèses de René Barbier d'un "éducateur comme passeur de sens". A la fin de son roman intitulé "Siddharta", l'écrivain Herman Hesse un vieux passeur sur le fleuve. Son ami de jeunesse, Govinda, toujours en quête spirituelle, ne le reconnaît pas et continue à suivre son Maître. Il méconnaît ainsi tout ce qu'un "passeur" vers l' "autre rive" comme disent les sages orientaux, pouvait lui apporter. Nous aussi, dans notre monde tourmenté, nous avons besoin de passeurs entre des univers de significations de plus en plus plurielles et paradoxales. Il y a nécessité, en quelque sorte aujourd'hui, de découvrir des "passeurs de sens" entre les spécialités disciplinaires dans l'ordre des sciences de la matière, des sciences de la vie et des sciences humaines.

17 septembre 2007

La nature est un bon maître



" En prenant la nature pour modèle, il m'apprit que rien de ce qu'on prétendait n'était définitivement établi et que l'équilibre ne pouvait être atteint que par l'acceptation inconditionnelle d'un univers aux multiples reflets.




Le bien dissipe les effets du mal, la douceur de l'air efface le souvenir des frimas et le geste d'un homme partageant son pain est plus important que le crime d'un fugitif aux abois. Il faut que le meilleur l'emporte sur le pire."


José-Maximilienne Bourbon. Le testament sauvage. Editions Eole 2001.
Illustration . Neuvillers, 26.8.2007. Cécile Bolly.

interrogation sur le bonheur

"Le bonheur, c'est d'être heureux; ce n'est pas de faire croire aux autres qu'on l'est"

Jules Renard

15 septembre 2007

"Dans leur immobilité les mots ne renvoient qu’indirectement aux choses; mais les images tendent par leur écoulement à s’y substituer, en nous empêchant de les percevoir et de les penser à notre gré."

Pense-t-on devant sa télévision ?
Usages de la philosophie par Juliette Chiche et Gilles Blanc-Brude

13 septembre 2007

vivre, je veux vivre

"Hier soir, ma copine et moi étions assis à table, à discuter de choses et d’autres puis nous en sommes venus à parler de l’euthanasie, sujet délicat du choix entre la vie et la mort. Je lui ai dit : "Ne me laisse jamais vivre dans un état végétatif, dépendant d’une machine et alimenté par le liquide d’une bouteille. Si tu me vois dans cet état, débranche les appareils qui me relient à la vie". Elle s’est levée, a débranché la télé, a éteint l’ordinateur et a jeté ma bière."

Proximité

"Le cannibalisme et le fratricide sont à proscrire dans les sociétés un tant soit peu civilisés. C'et vite dit quand, dans le ventre de votre mère, vous avez un jumeau qui boulotte l'essentiel de la nourriture commune. "

N'avouez jamais, on pourrait vous croire .
Voix d'encre N° 34 - ISBN 2 35128-005-9 - Page 5
Denis Langlois

10 septembre 2007

est humain celui qui se trompe


"On s'expose quand on fait, on s'impose quand on défait. Quand on défait, jamais on ne se trompe, en effet. Je ne connais pas de meilleur moyen pour avoir toujours raison. Je ne crois pas connaître, en revanche, de meilleure définition de l'homme que le vieil adage errare humanum est, à qui je fais dire : est humain celui qui se trompe. Il a au moins essayé. "Michel Serres .


Michel Serres

Le Tiers-Instruit. p.128, Folio/essais n°199

La force de la pluralité




les idées et leurs contraires






« Ce qui est important dans la culture européenne, ce ne sont pas seulement les idées maîtresses (christianisme, humanisme, raison, science), ce sont ces idées et leurs contraires.

Le génie européen n’est pas seulement dans la pluralité et dans le changement, il est dans le dialogue des pluralités qui produit le changement. Il n’est pas dans la production du nouveau en tant que tel, il est dans l’antagonisme de l’ancien et du nouveau (le nouveau pour le nouveau se dégrade en mode, superficialité, snobisme et conformisme).

Penser l’Europe, Edgar MORIN

08 septembre 2007

Amoralités familières

"Chez les hommes comme chez les bêtes, la puissance appartient aux rapaces, aux fauves et aux serpents. Les bêtes n'en abusent pas. "
Maurice Chapelan. Amoralités familières.

Pour illustrer cet aphorisme, je vous invite à découvrir sur YouTube la fascinante vidéo suivante, petite histoire très morale sur le thème de l'union qui fait la force, à regarder jusqu'au bout impérativement ...