29 janvier 2007

L'imparfait du présent

"La nature devient plus ce qu'on invente que ce qu'on explore."
François Dagognet.

L'être humain est en voie d'instrumentaliser sa planète, agité lui-même par une espèce de mouvement perpétuel qu'il a élargi au transport de biens.
Subtilement associée à la notion de progrès, le mouvement s'est imposé à notre manière de concevoir l'existence, ce quelque chose qui "avance" de la naissance à la mort.
Il n'y aura bientôt plus, selon l'expression de Finkielkaut, d'endroit sur terre où le vrombissement de l'homme ne soit perceptible en permanence.
(L'imparfait du présent. Alain Finkielkaut.)

28 janvier 2007

sagesse de Scutenaire

"L'humour est une façon de se tirer d'embarras sans se tirer d'affaire".
Louis Scutenaire

27 janvier 2007

L'art , facette de la mémoire

“L'art est le seul substitut de l'expérience que nous n'avons pas pu acquérir.”
Georges Semprun

Si le témoignage et la mémoire semblent limités dans leurs capacités à transmettre la réalité existentielle d’une expérience personnelle, il subsiste un complément efficient : l’art et plus précisément la littérature.
Si les tableaux de Zoran Muzic ont la froideur et le pathétique d’une représentation fidèle de l’horreur des camps, les livres de Primo Levi ont cette capacité à décrire, à raconter puis à introduire le lecteur dans cet univers, a priori, indicible.
L’art comme objectivation de nos sentiments, de nos émotions, comme miroir de l’âme ou du corps, évoque avec plus d’authenticité ce que le discours peine à exprimer.

26 janvier 2007

Borgès et l'oubli

"La mémoire choisit ce qu'elle oublie."
Borgès

Je crois déjà avoir partagé cette courte affirmation du grand Borgès. Je la trouve plus belle que jamais.
La faculté d'oubli n'est-elle pas la première condition du bonheur, et de notre survie?
Infernale doit être l'existence de celui qui se souvient de tout.

25 janvier 2007

Danger et fragilité

"C'est le rôle de l'avenir que d'être dangereux."
Whitehead

Notre troisième fils et son épouse préparent la venue de leur premier bébé dans les jours qui viennent. Quitter la tiédeur et le sentiment de sécurité absolue procurées par le sein maternel est une bien cruelle épreuve, indispensable pourtant pour connaître des joies encore bien plus grandes que tout ce qu'il peut imaginer.
Oui, l'avenir est dangereux. Le seul rempart qu'on puisse y opposer est cette petite chose frèle; d'autres humains, apparus plus tôt que ce bébé, et qui vont lui baliser la route.

24 janvier 2007

sagesse de Claude Monet

"J'ai cherché la perfection ,
et j'ai détruit ce qui allait bien."
Claude Monet

Faveur du grand âge

"Seul privilège du grand âge: on peut ne plus parler à mots couverts. Dire ce qu'on pense vraiment ne tire plus à conséquence.
Mais on ne vous écoute plus."

JC Brisville. Quartiers d'hiver. Ed du Fallois. 2006


22 janvier 2007

entre dit et non dit

Passant à ma hauteur
"Bisou" dit-elle
... à son portable.
Damien Gabriels

tant qu'il y aura des îles

"Pourquoi sommes-nous donc à ce point gagnés par le bien-être dès que nous abordons et séjournons, ne fût-ce que pour quelques heures, dans les îles?
Ossip Mandelstam déclare, dans Le Sceau égyptien, que c'est parce qu'il ne s'y ouvre que des chemins courts et limités qui n'offrent plus «l'infini de leur liberté négative» !
Il est vrai que nous n'y sommes plus perpétuellement tenaillés par l'anxiété des choix comme c'est le cas aux différents carrefours du vaste monde ...
Il semble, en effet, que cette exaltation microcosmique nous saisisse dès l'instant où nous posons le pied sur ces «bouts du monde» repliés sur eux-mêmes, ces monades géographiques. Nous redécouvrons, oubliés depuis l'enfance, les multiples et riches ressources de l'immédiat, les trésors anciennement enfouis de nous¬mêmes, des dimensions à nos mesures.
En bref, nous renouons avec cette évidence que bien souvent l'existence gagne à se restreindre!"
Petit traité de la désinvolture . Denis Grozdanovitch.

21 janvier 2007

éloge de la lenteur

“Vroeg rijp, vroeg rot, vroeg wijs, vroeg zot.”
(Maturité précoce, détérioration hâtive, précoce sagesse, hâtive sottise)
Sagesse des proverbes flamands

20 janvier 2007

Sagesse du combat de coqs

"Aucun combat de coqs n'a jamais produit un oeuf."
Sagesse chinoise

le puzzle d'une vie

"Puzzle

Combien de vies dans une vie?
C'est comme demander combien de pièces dans un puzzle, dit-il.
L'un en compte douze, l'autre douze fois plus,
il en faudra mille ici, là quarante.
Et chemin faisant,
on comprend que chacun aura
très exactement le temps
de compléter le sien,
et que le nombre de pièces n'aura rien signifié,
et que le temps lui-même,
cent ans, dix secondes,
n'aura jamais été qu'un instant,
une fabuleuse fraction d'éternité. "

Francis Dannemark. Une fraction d'éternité. Le Castor Astral. 2005

17 janvier 2007

L'légance du hérisson

"En pensant à ça, ce soir, le c½ur et l'estomac en marmelade,
je me dis que finalement, c'est peut-être ça la vie:
beaucoup de désespoir mais aussi quelques moments de beauté
où le temps n'est plus le même.
C'est comme si les notes de musique
faisaient un genre de parenthèses dans le temps,
de suspension,
un ailleurs ici même,
un toujours dans le jamais.
Oui, c'est ça, un toujours dans le jamais."
Muriel Barbery. L'élégance du hérisson. NRF 2006

.

le goût du miel

" Une goutte de miel a le même goût qu'un bol tout entier"
(proverbe bouddhiste)

13 janvier 2007

conversation asynchrone

« Ne t'entête pas à rechercher la vérité,
cesse simplement de t'accrocher à tes opinions. »
Jack KORNFJELD

Je retrouve cette phrase en relisant le dernier livre de Francis Dannemark (Une fraction d'éternité), qui m'enchante tant et plus.
Me reviennent les Rubayat (Quatrains) d'Omar Khayyam, né il y 1000 ans. Ces deux-là me donnent l'air de converser paisiblement ensemble.

"Contente-toi de savoir que tout est mystère :
la création du monde et la tienne,
la destinée du monde et la tienne.
Souris à ces mystères comme à un danger que tu mépriserais.
Ne crois pas que tu sauras quelque chose
quand tu auras franchi la porte de la Mort."

Pluie et lumière

"Ce qu'il faut vivre avant de mourir,
c'est une pluie battante qui se transforme en lumière ."
Muriel Barbery. L'élégance du hérisson. NRF 2006.

Soyez aux aguets : on annonce de la pluie battante ce week end.

10 janvier 2007

Une dentelle d'ombre

"Le soleil, traversant le rideau de la cuisine de ma mère, en détache une dentelle d'ombre finement vibrante qu'il accroche au mur. La fin du jour décroche sans état d'âme le pur chef-d' ½uvre."

Christian Bobin. Une bibliothèque de nuages. 2006

Je vous souhaite une bonne semaine
CV.

Simplifier

"L'hiver fait le travail des grands maîtres: il simplifie."
Christian Bobin

08 janvier 2007

Une histoire de homard ayant perdu sa carapace en chemin

"On se défait d'une névrose, on ne se guérit pas de soi."

Coché et souligné par Paul Celan dans son exemplaire de "Les Mots" de JP Sartre. Pénétrer dans la bibliothèque d'un autre peut être indiscret, surtout s'il est décédé. Comme le disait Sartre, cela revient à feuilleter le mort.

La galette des Rois signe bien la fin de la trève. A gros goulots, la vie et ses masques grimaçants à la Ensor a reconquis la salle d'attente. On sourit parfois, comme à l'histoire de ce réveillon gâché par la découverte d'une carapace de homard totalement vide dans son assiette. Infortuné convive, dont le chemin croisa la route d'un homard buissonnier ayant décidé de mettre la phrase de Sartre en application en se débarrassant in extenso de sa carapace qu'il pend au clou. J'imagine le homard , nu comme un ver, recommençant sa vie et se riant du bon tour qu'il vient de jouer aux pêcheurs et aux traiteurs.
D'autres récits de tranches de vie survenus ces derniers jours font moins sourire: le jus de l'existence quotidienne possède un goût bien amer pour certains, et certains décors de cauchemars peints par Bosch ou Goya sont pipi de chat comparés à ce d'aucuns vivent dans la "réelle réalité" durant ce qu'on persiste à nommer "les fêtes". En raconter les détails serait à la fois cruel et indiscret, mais expliquerait pourquoi ce soir j'ai le bourdon en tête et une vague nausée au coeur. Non, la vie ne possède pas la même saveur pour tous, et que l'homme fût le meilleur artisan possible de son propre malheur dans bien des cas n'ôte rien à ce constat: dans la galette du prince partagée ce samedi, certains ne sont pas nés pour croquer la fève et j'en connais beaucoup qui aimeraient guérir d'eux-mêmes.

06 janvier 2007

Le Palagui est un animal étrange

"Touiavii, le chef de la tribu de Tiavéa, a observé de près cet être étrange
qu'est le Papalagui et en dresse un portrait plus éclairé que ne pour¬rait le
faire un ethnologue:
- le Papalagui étouffe son corps avec des peaux lourdes et serrées qui le
privent de soleil;
- le Papalagui vit dans des coffres de pierre empilés, séparés par des fentes
bruyantes et gnses;
- le Papalagui est obsédé par le métal rond et le papier lourd qui régissent
toute sa vie;
- le Papalagui a inventé un objet qui compte le temps; depuis il court sans
cesse derrière ...
- Le Papalagui a développé bien d'autres maladies et comportements absurdes ...

Alors le sage Touiavii, qui vit dans les îles Samoa, aimerait bien que son
peuple ne devienne pas comme le Papalagui, ce curieux homme blanc qui vit en
Europe."

Eric Scheuermann. Le Palagui.

04 janvier 2007

les amis, les étoiles

""Good friends are like stars...you don't always see them but you know
they are always there"

"Les bons amis sont comme les étoiles ... on ne les voit pas toujours
mais on sait qu'ils sont toujours là "

auteur inconnu

Une fable thibétaine

J’ai regardé au loin.
J’ai vu quelque chose qui bougeait.
Je me suis approché.
J’ai vu un animal.
Je me suis encore approché.
J’ai vu un homme.
Je me suis encore approché.
J’ai vu que c’était mon frère.

Fable tibétaine

02 janvier 2007

Le bonheur , essai de définition

"Le bonheur. Ce qu'il n'est pas:
une rémission des revers et un suspens du tragique.
Ce qu'il pourrait être:
un scintillement à l'horizon, ne fut-ce qu'une seule fois,
de la lumière d'un sens pleinement partagé."
Yves Bonnefoy.

Je vous souhaite une bonne semaine
CV.

de la Peinture

"Mon sens de l'ouië
est passé dans celui du toucher,
où il apprend à voir."

De la Peinture. Paul Celan.